Le voyage vers l'intérieur du monde (1/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le voyage vers l'intérieur du monde (1/3)

Message du Professeur Zolmirel

 

 

Me voici, chers amis, pour un nouveau message, à savoir, la suite de nos aventures !!!

Je trépigne de joie à l'idée de vous la conter !

 

Nous étions, en ce temps, voici environ deux de vos siècles, en une profonde exploration de l'intérieur de notre monde, avec la si sage ancienne Erazel.

 

En cette époque reculée, les nôtres n'étions pas encore au fait de la vie qui peuplait les profondes cavernes de notre belle planète. C'était, il me faut dire, un séjour des plus inoubliables. Nous avions été accueillis par les merveilleux habitants d'une très belle cité de lumière, qui étaient extrêmement avancés dans l'art de soigner.

 

L'un de ces habitants s'est chargé de soigner un petit alien féroce que nous avions rencontré dans les galeries, et l'arraché à un sort peu enviable. Ce jeune être était encore un nouveau né, créé par des génies de laboratoire sans scrupules. C'est notre ami de Lumière qui a pu faire rétrocéder tout son génome, en bannissant de sa vie ses instincts sauvages.

 

Ce jeune être alors, s'est montré d'une compagnie excellente et promis à un très heureux avenir. Il s'est ensuite excusé avec maladresse de certains tourments qu'il nous avait infligé, du fait de la peur. Une telle évolution était bien agréable à constater et forts de ce nouveau succès, nous avons repris notre petit voyage, Erazel impatiente de nous mener toujours plus profondément sous terre.

 

Nous étions de nouveau en train de parcourir une grande caverne brillante, nos amis nous ayant fait don de provisions nombreuses et variées. Zilmis était occupé à feuilleter un livre de recettes de cuisine, pensant nous faire goûter pour le soir un plat mémorable de sa composition, et Erazel fixait la grande voûte d'un air un peu absent.

 

Elle me pria d'occuper les commandes un instant, chose que je m'empressais de faire avec bonheur. Je me retrouvais comme un enfant en train de guider notre petite chenille à répulsion et j'avais envie de m'amuser un peu à la faire louvoyer.

  • Ce n'est pas un jeu, fit l'ancienne en riant. Plus de douceur, nous sommes plutôt chargés.

  • Ce transport est d'une sensibilité exemplaire, il répond à la moindre de mes sollicitations, fis-je observer d'un air ravi.

  • Oui, il est très agréable à piloter. Ce bâtiment est doté d'une conscience neuronale. Il ressent pour ainsi dire vos émotions.

  • Vraiment ?

  • Absolument, fit la sage alien. Vous pouvez aussi le piloter par l'esprit. Par exemple, si un roc surgit devant notre trajectoire, les senseurs le détecteront et le dispositif de guidage analysera votre peur. Le bâtiment s'arrêtera alors. Mais il est préférable de tirer le frein, ajouta t-elle. Il se trouve juste ici. A présent, j'ai à faire et je vous laisse œuvrer, exposa la vénérable alien en se retirant dans sa cabine.

 

Je souris largement, illuminé de joie à l'idée d'une telle confiance. Il vous faut savoir que c'était la première fois. Jusqu'alors, Erazel ne m'avait point laissé piloter notre esquif, car les couloirs, par moments étroits, impliquaient certaines transformations inattendues de notre véhicule. Par exemple, il devait se courber, tel un serpent, pour pouvoir se faufiler dans certaines galeries. Il était aussi nécessaire de le faire rétrécir en largeur, et Erazel, à ces occasions, devenait d'un calme quasi mystique. Nous étions figés de stupeur par ces grands mystères, qui dépassaient notre science en totalité, et nous veillions bien sûr à ne surtout pas la troubler. La concentration des navigateurs lors des voyages doit toujours être préservée. Notre petit transport se mouvait présentement à une vitesse très honorable de 60 à 180 km/h. Je ralentissais bien évidemment beaucoup, lorsque la galerie devenait trop étroite, Erazel, m'ayant bien recommandé de ne pas hésiter à l'appeler si le besoin s'en faisait sentir.

 

Je passais deux heures bénies à infléchir notre course, Zilmis plongé dans une préparation qui embaumait toute la cuisine, se chargea de nous appeler le moment venu.

Une Erazel somnolente vint nous retrouver et je stoppais aussitôt notre transport dans une belle caverne claire fort bien proportionnée, dont la voûte atteignait 40 mètres de haut.

 

  • Ne le mettez pas dans le passage, fit Erazel d'un ton grave, en déplaçant le vaisseau plus près de la falaise. Jamais dans le passage.

  • Et pourquoi cela ? demandais-je d'un air atterré en dressant la table.

  • Nous ne sommes pas seuls ici, assura Erazel d'un air mystérieux, en prenant place sur une chaise et en contemplant des stalactites millénaires d'un œil ravi.

  • Voici une petite nouveauté, lança Zilmis en apportant les premiers plats. J'ai confectionné ces petits beignets moi-même. Ils devraient vous plaire ! Et ce gratin de légumes avec ce petit pâté aux aromates est pour la suite.

  • Tout cela embaume en effet ! s'écria Erazel. Quel talent vous possédez mon cher, il n'y a pas de doute, vous pourriez parfaitement officier aux côtés d'un lézard !

 

Chacun de nous rit de bonheur, car en effet, beaucoup de peuples stellaires venaient nous rendre visite, et le cuisinier à bord de leurs vaisseaux était effectivement presque toujours un lézard. Beaucoup de lézards Graths, malgré leur allure intimidante de plus de trois mètres de haut, avaient poussé la science gastronomique dans ses plus extrêmes raffinements. La planète de ce peuple autrefois guerrier avait été détruite, voici des générations par les spoliateurs de mondes. Il n'en restait plus que quelques fragments d'astéroïdes et les nôtres entretenions des relations courtoises avec leur société. La plupart de ces lézards s'étaient engagés au service d'autres peuples, surtout comme gardes d'élite, comme cuisiniers et pour tous les travaux pénibles qui nécessitaient une grande endurance physique.

 

Sur notre monde, il n'était point nécessaire de faire travailler si dur les ouvriers, évidemment, et l'art de l'esprit de soulever des objets lourds, épargnait aux nôtres bien de la peine. Je l'exposais à Erazel.

 

  • Oui, amis, nous sommes bien chanceux. Beaucoup de mondes amis n'ont pas encore pleinement atteint de telles facultés, émit notre sage ancienne.

  • Je me demande... comment vous pouvez parvenir à visualiser notre route et savoir précisément où nous sommes, affirmais-je.

  • Cela fait comme lorsque vous entrez en plein désert, dans le palais des miroirs oubliés, commenta Erazel. Vous savez où vous vous trouvez à chaque instant, parce qu'avant d'entrer, votre esprit d'enfant a mémorisé en trois dimensions la forme exacte du palais, le nombre d'étages, l'emplacement de chaque fenêtre.

  • Je n'ai plus été dans ce palais depuis mon enfance, fis-je remarquer.

  • Bien sûr, ajouta Erazel. Mais ce sont des mécanismes intrinsèques au cerveau de tous les aliens, et des toutes les formes de vie pensantes. La visualisation permet de se repérer. Ensuite, en marchant dans ce labyrinthe, vous inscrivez sur ce plan qui se tient en votre esprit votre évolution, votre orientation. Vous savez donc très précisément où se trouve la sortie, à chaque instant.

  • Oui, c'est bien ainsi que cela s'est passé, hésitais-je.

  • Poussée à son extrême, une telle science permet à un navigateur de s'orienter dans l'espace. Ce n'est pas inné, mais on peut en effet la développer, par des projections toujours plus fines. Lorsque je m'endors, mon esprit sort de mon corps et je peux explorer plus avant ces galeries, par conséquent, je sais tout ce qui s'en vient, à chaque instant. Je vois notre position et je peux ressentir le danger, les principales issues, les écueils. Tout cela, vous le faites aussi, mais n'en avez pas forcément conscience, assura Erazel.

     

Nous avons souri à notre si sage ancienne, faisant honneur au repas délectable de Zilmis. Nous étions ravis de nous trouver en cette caverne brillante, toute auréolée d'or. Un peu après la fin de ce dîner délicieux, je m'empressais de ramener toute la vaisselle à l'intérieur et de rentrer la table. Un instant plus tard, un bruit sourd nous inquiéta. Nous nous sommes regardés avec crainte. Le bruit s'intensifia et un animal gigantesque de quatre mètres de haut, hérissé de cornes, déboula par le passage, suivi d'un deuxième légèrement plus petit.

Un instant plus tard, les animaux, proches de rhinocéros, avaient disparu, leur course résonnant étrangement en se perdant au loin dans les dédales de la galerie.

 

  • Jamais dans le passage, vous l'aviez bien vu ! fis-je remarquer à Erazel, terriblement impressionné.

 

Celle-ci éclata de rire.

 

  • C'était en effet inattendu, mais très réussi ! Vous auriez du voir vos têtes à tous les deux ! dit-elle d'un air réjoui.

 

Je fixais Zilmis avec inquiétude, dont le teint était devenu livide, presque blanc. Erazel cessa de rire aussitôt, ressentant tout son effroi.

  • Rien qui puisse nous menacer présentement. Le rôle des navigateurs est aussi de veiller sur chacun d'entre vous, exposa t-elle avec bonté en posant une main apaisante sur son épaule.

  • Je pensais à une variété de saurien griffu particulièrement imposant et affamé, glapit Zilmis.

  • Rien dont je ne puisse venir à bout, assura calmement Erazel avec un sourire. Ce type de saurien a aussi besoin parfois de faire une longue sieste paisible !

 

Je souris d'un air rassurant à Zilmis, car je possédais moi aussi ces facultés, dont je m'étais déjà servi face à plusieurs fauves décidés, alors que j'étais parti cueillir des champignons à une heure avancée de la nuit.

 

Nous sommes remontés à bord de notre petit transport. Je m'empressais de faire toute la vaisselle, Erazel faisant agir son fluide, pour chasser au dehors quelques grains de sable qui s'étaient glissés dans l'entrée et sous les pieds des chaises. Elle agit de même avec toute la poussière fine qui recouvrait les écrans et les senseurs, l'emprisonnant dans l'air en un tournemain. Erazel voulut déposer la poussière dans un vase, comme nous faisons d'ordinaire, et, avant qu'elle puisse y entrer, je la vis disparaître.

 

  • Amusant, commenta l'ancienne, on dirait que cet endroit est un peu différent. Voici une manière très naturelle et plaisante de faire le ménage, la poussière disparaît d'elle même ! C'est absolument merveilleux !

  • Nous devons nous trouver en une dimension bien supérieure, exposa Zilmis, qui avait repris quelques couleurs.

 

C'était la vérité, bien sûr, car nous étions environnés des plus splendides cavernes, toutes parées de cristaux. Ces derniers étaient rouge grenat, verts pour l'olivine, ou blanc nacré, pour les riches sillons brillants abritant le quartz le plus pur.

 

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