Le premier voyage vers les royaumes de l'Intérieur (2/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le premier voyage vers les royaumes de l'Intérieur (2/4)

Message du Professeur Zolmirel

 

Me voici devant vous de nouveau. Je suis heureux de parler en cet instant.

 

J'en reviens à ce moment, où avec mon ami Zilmis, ainsi que la sage Erazel, nous avions fini par découvrir l'entrée d'une caverne de l'intérieur menant dans les soubassements de notre monde.

 

Nous étions tout excités comme des enfants, et follement heureux par le commencement d'un si long voyage. J'étais de même enchanté par la perspective de revoir mon père.

 

La chenille qui nous abritait, nous emportait avec célérité à travers des boyaux tout illuminés. Pour l'instant, le véhicule flottait avec aisance, mais il n'en serait pas toujours ainsi, nous expliqua Erazel, par le jeu des mouvements magnétiques de notre planète, et la venue de lacunes nous obligeant à nous poser.

 

La lumière décrut peu à peu, et nous nous sommes retrouvés en un boyau bleu nuit très obscur. Erazel, sans l'ombre d'une crainte, alluma les phares de notre petit transport.

  • Pourquoi l'éclairage des tunnels a-t-il disparu aussi subitement ? demandais-je.

  • Pour une excellente raison, répondit mystérieusement l'ancêtre, en abritant le vaisseau dans une petite grotte qui s'ouvrait sur le côté.

Nous avons attendu, sans un bruit.

 

Soudain, un grondement se fit ressentir, de plus en plus important. Des myriades de lézards volants, des animaux à plumes, des petits rongeurs volants et une féerie d'oiseaux multicolores de grande taille apparurent bientôt, entourés d'une vive clarté. Juste après, venaient d'autres vagues de ce qui ressemble pour vous à des chauve souris. Comme ces animaux aimaient à s'ébattre dans le noir, ils étaient environnés d'obscurité. Puis, une minute après, la grotte s'éclaira de nouveau, vinrent les plus fantastiques sauriens, les antilopes les plus immenses et les plus magnifiques, entourées de bovins, de fauves et de petits primates. Oui, tous ces animaux couraient à vive allure en produisant un fracas intense.

 

Transporté en peu de temps au pays de l'extravagance et de la fantasmagorie, par leur beauté et leurs couleurs, je fus saisi par un tel spectacle. La magnificence et le gigantisme de tous ces animaux dépassait de loin tout ce à quoi je pouvais m'attendre en allant explorer la jungle. L'incroyable défilé s'acheva et de la lumière revint en notre caverne.

 

Nullement déconcertée, Erazel se mit à rire, je la fixais comme au sortir d'un rêve. Qu'auraient donc pu dire les enfants en cet instant ? Je réalisais à quel point ils me manquaient. A ce moment précis, j'aurais été ravi de pouvoir serrer mon petit Zilner près de moi. Nerti était plus âgé, donc plus indépendant, mais tout aussi attachant.

 

Notre vénérable ancienne nous expliqua avec bonté, que ces animaux ne venaient pas tous de notre planète, voici pourquoi certains nous demeuraient inconnus. Les Passeurs les amenaient là pour les sauver d'effroyables dangers, qu'ils couraient en des lieux moins accueillants. Par leur courage et leur brillance, ils y étaient tout naturellement amenés, leurs voix étaient entendues.

 

Notre chevauchée reprit, nous amenant en un lieu où la roche rosée, jaune d'or, verdâtre ou bleutée, est parée de mille volutes colorés, comme du marbre. Cela fait comme un veinage et le calcaire prend lui aussi cette teinte, en un peu plus pastel. Nous sommes parvenus aux niveaux ennoyés de notre monde. Les voûtes séculaires abritaient là les passages creusés par les anciens, de toute évidence, et une paroi couverte d'inscriptions attira aussitôt l'attention d'Erazel. Elle posa le vaisseau et descendit, le plus naturellement du monde, pour les transcrire. Nous l'avons suivie avec timidité, un peu effrayés de cette grande voûte de 30 mètres de haut.

 

  • Venez donc mes amis, et installez la table, le temps que je prenne des clichés de cette paroi. Vous n'avez rien à redouter, nous invita-t-elle.

 

Un peu plus confiants, nous avons sorti la table, avec trois petits fauteuils, et avons improvisé un repas en ce lieu de magie. Zilmis apporta un cake aux légumes et aux champignons, qu'il avait élaboré lui-même dans la petite cuisine de la chenille. Je disposais plusieurs plats, Erazel nous rejoignit, en faisant au passage apparaître d'autres mets.

Notre humeur était fort allègre. Je sentais une énergie, une brillance qui m'amenait au plus haut point de mes facultés cognitives. Pas de doute, il y avait là une énergie surpuissante, qui nous transfigurait, nous emportait en un tourbillon. Je me sentis en peu de temps légèrement somnolent, car il vous faut savoir que ce lieu abondait en chaleur douillette.

Il faisait environ 25 degrés par endroits, et l'air était chargé de vapeurs agréables à la senteur minérale plaisante.

 

Tout naturellement, ma pensée s'évada vers mes compagnons. Amoni me manquait bien plus que je ne l'aurais cru, ses remarques, sa prévenance, sa sagesse mêlée de douceur.

 

Mon esprit se retrouva en un lieu qu'il commençait à bien connaître, je compris que nous n'étions en vérité pas vraiment séparés.

 

Un petit alien courait à vive allure dans un couloir bleu azuré, suivi par un autre. Nerti et Zilner s'étaient levés bien tard ce jour là, un jour de repos, le matin, et d'activités importantes, l'après midi.

 

Comme je vous l'ai déjà exposé, sur mon monde, chaque enfant se voit affecté à un service, en fonction de ses aspirations et de ses talents. Les activités importantes, sont une participation de chaque enfant à un travail, qui est fondamental pour notre société. Tous les enfants travaillent, dès leur plus jeune âge, de manière modérée, mais très appréciée.

 

Nerti et Zilner descendirent plusieurs niveaux, parvenant aux soubassements du Grand Institut. Ce lieu, consacré à l'élaboration et à la restauration d'astronefs, ne manquait pas d'ouvrage pour des petites mains si habiles que celles des enfants.

 

Nerti et Zilner s'approchèrent du grand chantier intersidéral, qui réunissait là des peuples voisins du nôtre, provenant de planètes amies.

 

Le chantier était en réalité le fond d'un puits, surmonté d'une voûte mémorable à 80 mètres de haut, avec un vitrage au plafond, d'où l'on pouvait tout observer depuis l'extérieur. Pour le rendre moins impressionnant, les experts en bâtiments l'avaient doté de grands bacs de végétation, suspendus à des hauteurs variables. Nerti et Zilner, les yeux brillants, s'avancèrent vers la dame alien chargée de veiller à l'affectation des équipes. C'était une Galmol, ce qui leur donna un peu plus de courage.

 

  • Nous vous attendions mes petits, fit-elle avec amusement. Je me nomme Zektii Nous avons besoin de beaucoup d'habileté en ce lieu, savez-vous ? dit-elle en riant, en descendant un grand escalier, peint d'un blanc très brillant.

  • Nous serons heureux de servir, répondit le petit Nerti avec sincérité.

 

Ils descendirent ainsi cinq étages. En vérité, cinq étages à l’intérieur de la coque du futur navire. Des câbles couraient sur le sol. Un peu partout, on polissait, on peignait et on raccordait les éclairages des galeries menant vers les différentes coursives.

 

La dame alien s'arrêta dans un couloir gris un peu sinistre, qui n'avait pas encore été peint, et fit signe à une grande alien au visage avenant, une Kolal cette fois.

 

  • L'ingénieure Ektamira sera ravie de vous mener en salle d'ouvrage, vous allez assister au départ de la collusion, petits chanceux, s'amusa la dame Galmol.

 

Nerti et Zilner, un peu tremblants, s'avancèrent à la rencontre d'Ektamira et ils se saluèrent. Évidemment, celle-ci n'était pas sans leur rappeler leur père et elle remarqua aussitôt leurs visages emplis d'émotion. D'ailleurs, Ektamira était empreinte de la même gravité, de la même sagesse.

 

  • Venez donc, je vous attendais, leur fit-elle avec un large sourire rayonnant. Je suis chargée de l'agencement final de ce tiers du vaisseau, exposa-t-elle modestement. Vous avez demandé de travailler sur les réacteurs. Nous avons précisément des zones de câblage à parachever, ainsi que des tubulures.

 

Nerti et Zilner la suivirent, elle leur recommanda de veiller à ne pas se perdre en ce dédale, car la proue du navire à elle seule avoisinait les 500 mètres de long. Ils marchèrent sur un vaste dispositif métallique, constitué de grilles, où il était aisé de faire passer des câbles et des tuyaux.

 

  • Comment faites-vous pour concevoir un vaisseau ? Vous travaillez avec des plans ? interrogea Nerti, bouillonnant de curiosité.

  • Non, il nous est apparu que c'était impossible. Un plan nous oblige à rester statiques. Nous démarrons à partir d'un plan, il est vrai. Ensuite, cependant, à mesure de la construction, nous réalisons qu'il existe nombre de points à améliorer. Nous ajoutons des détails auxquels nous n'avions pas forcément pensé, ainsi le vaisseau se révèle parfait, assura la grande alien.

 

Nerti tournait les yeux en tous sens, il se pencha par dessus une balustrade et avisa les flancs métalliques argentés et les soubassements impressionnants du vaisseau, plongeant à plus de 70 mètres sous son regard et disparaissant dans la pénombre. Il posa la question que se posaient tous les enfants.

 

  • Ce vaisseau est vraiment d'une taille prodigieuse. Comment allez-vous donc faire pour le sortir de ce lieu ?

  • Tu es un enfant très avisé, c'est une excellente question. Rien que les anciens ne puissent accomplir mon enfant, répondit Ektamira d'un ton grave.

 

A cet instant, un alien s'avança pour lui demander son avis sur un schéma et elle se tourna vers une clone adulte au visage sérieux, une alien Denakh cette fois, qui les salua poliment.

 

  • Voici Nimmel, la chef des opérations, qui va s'occuper de vous, lança-telle aux enfants. Nous nous reverrons une prochaine fois.

Emplis d'une curiosité graduelle, Nerti et Zilner suivent donc la clone adulte qui se déplace vraiment très vite.

 

Nimmel ne parle pas beaucoup, elle semble absorbée par autre chose. Elle s'approche d'une armoire de câblage à demi achevée et remet un schéma des circuits aux enfants.

 

  • Vous avez déjà travaillé sur ce type de dispositif, leur dit-elle avec un sourire bienveillant. Il faut simplement raccorder les câbles aux bons connecteurs en suivant les couleurs et les étiquettes. Cette armoire est un centre d'éclairage, précise-t-elle. Si vous avez des questions, je suis dans la pièce d'à côté.

 

Nerti et Zilner ont un large sourire ravi. Ils commencent leur ouvrage, une caisse de matériel est mise à leur disposition. C'est un travail très minutieux. Pour un adulte, il serait extrêmement long. Pour un enfant, il est presque amusant. Pour un Terrien, il serait très fastidieux, car il y a plus de 400 connecteurs à raccorder sans se tromper.

 

Mais Nerti et Zilner sont heureux d'aider les adultes à faire décoller un si fier vaisseau. Sans relâche, ils emboîtent, vissent et fixent des câbles, puis des gaines supplémentaires et des plaques de commandes, ainsi qu'ils l'ont déjà fait autrefois.

 

Nimmel revient les voir environ une demi heure plus tard, elle ne dit mot, très impressionnée. Peu avant l'heure du soir, Nerti et Zilner se regardent d'un air ravi, ils ferment ensemble le panneau de l'armoire, non sans une grande fierté.

 

La dame alien est stupéfaite.

  • Je n'ai jamais vu cela, j'avais idée que vous achèveriez ces câblage seulement demain, leur avoue-t-elle, avec un rire.

  • Nous sommes très heureux de pouvoir enfin travailler pour de vrai, assure Nerti. Allons-nous les tester maintenant ?

  • Oui, en effet, la salle de test est par ici, leur expose Nimmel.

 

Ils la suivent et entrent dans une salle éclatante de propreté, aux parois jaune clair qui sentent le neuf. Des aliens de tous les peuples polissent le sol, peignent et posent des parements sur des rampes de ventilation, d'éclairages et des sortes de disjoncteurs.

 

  • Nous pouvons travailler dans cette salle, même quand les peintres sont là, explique Nimmel face à leur air hésitant. Ils emploient uniquement des résines naturelles non inflammables. Cela est primordial sur un vaisseau.

     

Nerti et Zilner, un peu intimidés par la vingtaine de techniciens déjà présents, se décident à entrer. Une musique joyeuse plane dans l'air et chacun discute paisiblement avec autrui.

 

  • Êtes-vous responsable des éclairages ? demande Nerti.

  • Oui, mais je suis ouvrière aussi, depuis fort longtemps. Le mot chef veut simplement dire que je suis plus expérimentée. En réalité, il n'y a pas de vraie hiérarchie, tout le monde s'entraide.

  • Ooh ! Vous êtes ouvrière ! s'extasie Zilner, d'un ton très admiratif. C'est fantastique, vous avez du construire des dizaines et des dizaines de vaisseaux ! assure le petit alien.

  • Chaque construction prend entre deux et cinq ans, expose Nimmel. Mais c'est vrai, c'est une tâche plutôt magique que de faire voler de telles forteresses.

     

(Pour ce monde, la fonction d'ouvrier correspond à une distinction honorifique, une tâche très importante et très noble. Chaque ouvrier est considéré comme un créateur, avec beaucoup de respect et de joie, par l'ensemble de la société.)

 

La pièce dans laquelle ils se trouvent est très différente du couloir grisâtre et dépoli. Ici, tout brille avec faste. Les ingénieurs ont veillé à générer une ambiance chaleureuse. Les parements des commandes sont blanc crème et rosés. On a plutôt l'impression de se trouver à bord d'un navire de croisière flambant neuf. Nimmel désigne des sièges à Nerti et Zilner, qui doivent les escalader et ensemble, ils commencent à tester l'armoire sur une petite console. Ils commencent par y faire circuler un courant faible. Des petites lampes s'allument les unes après les autres sur un dispositif informatique.

 

  • Il existe seulement deux faux contacts, au niveau du plot 523 et au niveau du capteur de retour, le 77. Mais cela est plus qu'honorable. Vous avez travaillé magnifiquement, sans la moindre erreur, annonce Nimmel.

 

Le petit Zilner est un peu chagriné, Nimmel doit le rassurer. C'est Nerti qui se charge de resserrer les contacts défaillants. Ils procèdent à un nouveau test qui se révèle concluant.

 

 

  • Venez donc, leur propose Nimmel. La supérieure n'avait pas menti, vous êtes très talentueux et très agréables. Nous allons nous rendre en salle de collusion maintenant.

 

Un peu impressionnés, les enfants suivent Nimmel. Il n'y a plus personne sur le chantier, tout le monde a terminé son travail pour se rendre en salle de navigation. Zilner est un peu perplexe et craintif. Il fait presque nuit, car les éclairages ont tous été éteints. Les trois aliens parviennent finalement au pont supérieur, où une salle toute dorée est habitée d'une foule silencieuse qui murmure des prières.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

 

 

Publié dans Messages

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L
Merci pour la Lumiere avec laquelle vous eclairez nos mondes Aurelia<br /> Vous nous renouvelez<br /> Vous nous étonnez<br /> Vous nous relativisez<br /> Et<br /> Vous nous agrandissez<br /> Merci merci merci<br /> Merci pour les messagers et<br /> Merci aux Messagers<br /> Gratitude<br /> Liz
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A
Chère Liz, Mille mercis, toute ma gratitude du fond du cœur. Ces messages sont diffusés pour la plupart avec parfois trois mois de différé, et les êtres si inspirants du dessus de la Terre trouvent toujours les mots justes pour éclairer ce plan, le nôtre de si matériel. Ils savent voir au delà des murs ou des miroirs pour nous montrer des portes que nous ne faisons que pressentir. A nous humbles mortels de trouver la foi et le courage de les pousser pour aller jusqu'au bout de ce chemin de lumière. Pour que ce monde renaisse aussi avec davantage de pureté, et de souci du bonheur de tous les habitants de la Terre. Je vous adresse tous mes vœux de joie, de prospérité et d'illumination,