Dans les ovnis (1/2)
Message d'Ektazzo
Les ovnis sur Terre
Je vous salue tous maintenant, en cette heure du jour. Je suis Ektazzo, votre ami, je reviens pour vous donner un message peut-être un peu plus « gris ». (il rit)
Je suis devenu tout argenté maintenant, mais j'ai conservé mon sens de l'humour. Mes deux petits se sont bien remis, ils sont comme des fils pour moi. Je ne me suis toujours bien senti qu'à leurs côtés.
Je reviens pour parler de nombre de mystères, ce que vous appelez l'ufologie, l'étude des véhicules inconnus et des visiteurs qui les accompagnent, qui ont foulé votre sol.
Les miens sommes abrités en ce jour, dans un très grand vaisseau Lumière. Je m'intéresse beaucoup à ce que vous nommez la toile internet, à toutes les recherches qui y sont exposées sur la propulsion des vaisseaux, des soucoupes volantes et aussi à l'ingérence de l'armée dans nos travaux.
Nous les Gris, étions un peuple marchand, minier, d'esclavagistes aussi, et de généticiens cruels. Beaucoup des miens ont secoué ce joug, causant des dissensions, des révoltes, à une échelle plus ou moins visible. La plus manifeste était la désertion pure et simple. Notre monde est très différent du vôtre, voici pourquoi tout cela a pris beaucoup de temps.
Nous étions tous reliés les uns aux autres, les capitaines, ou les surveillants, les superviseurs, comme vous les nommez, devaient savoir tout de nous. A leur tour, ils devaient rendre compte à un autre alien bien plus important dans la hiérarchie. Cette hiérarchie pyramidale était très contraignante, très déterminante dans tous nos travaux, et aussi, dans l'exploitation des mondes « hôtes ». J'étais devenu, bien malgré moi, une intelligence semi-artificielle.
Ma guérison avance et je garde en moi des vestiges de cette pensée, cette forme de raisonnement qui habitait tous les aspects de ma vie. Il n'était que peu de fantaisie en mes journées, consacrées comme pour tous les miens, essentiellement au travail. Mais que faisions-nous réellement, tous, au final ? A quoi nous servaient tous ces travaux mis bout à bout, si l'on y réfléchissait bien ?
Je n'avais pas été pensé, ni conçu, ni même autorisé à y réfléchir, cela n'était pas ma tâche, alors, je me pliais aux ordres, et j'obéissais. J'agissais, mais ne pensais point à la finalité de tous mes travaux, ni à ceux des autres.
Jusqu'au moment où, certainement, l'entité semi-cristalline siégeant en nous et autour de nous, qui maintenait notre conditionnement a cessé de fonctionner pleinement. J'avais alors des soubresauts de conscience.
Je me disais, il ne peut en être ainsi, cela ne peut pas être vrai.
Je comprenais que j'avais été maintenu en un brouillard opaque durant des siècles, par tous ceux qui avaient fait de moi une machine pensante. J'étais un être animé dépourvu d'émotions, de peur, de joies, et je ne voulais plus de cela. Bien sûr, il y avait cette fascination pour la recherche, l'étude du vivant, mais je ne voulais plus de cela, cela ne me suffisait plus. Mon existence, si vous deviez la vivre, vous apparaîtrait affreusement répétitive, monotone.
Nous sommes des êtres d'étude, des fourmis agissantes. En proie à ce réveil progressif, il me fallait faire attention, je commençais à me trouver comme au sortir d'un rêve.
L'une de mes première réactions, fut de me demander subitement pourquoi tout était si laid. Il n'y avait point de couleurs, juste des parements de métal polis, blancs, gris ou noirs. Les hauts surveillants disaient qu'il nous fallait penser en noir et blanc, car cela allait plus vite, voilà pourquoi les décors étaient tels.
Mais une partie des nôtres n'aspirait plus à ce type de décor, de vie, ils se proposèrent même de planter des arbres dans des bacs au niveau des coursives.
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Et pourquoi donc ? bougonna un supérieur. Un arbre prend de la place, il ne sert à rien, il faudra les arroser et ils vont mettre des feuilles absolument partout !
Mais il ne fut visiblement pas écouté. Au bout d'une semaine, le supérieur découvrit un jeune arbre dans un grand bac, puis chaque jour, un nouveau. Il y en eut en tout une dizaine. Il devint très mécontent et en référa à l'alien en chef, à plusieurs majordomes et au génie chargé de superviser nos travaux.
Je vis un matin une créature chétive, affreusement déformée par l'âge et l'arthrite descendre avec peine d'une voiturette. L'être fulminant de colère et de noirceur, nous houspilla tous. Nous étions une vingtaine de jeunes chercheurs, d'environ quelques siècles. Il nous somma de déraciner ces arbres et des les apprêter pour en faire du compost. Cela n'était presque pas nécessaire, en ce lieu sinistre et mécanique, ils ne se développaient point. Mais l'un des arbres avait donné une fleur, et je ne sais comment, un fruit, de même que plusieurs autres. Je récupérais ces fruits, ainsi que d'autres aliens.
Il n'y avait pas d'insectes, en nos complexes, mais parfois des araignées de toutes les tailles s'y faufilaient et avec elles, des moucherons minuscules, ce qui exaspérait nos supérieurs. J'aimais bien voir ces insectes minuscules courir sur mes notes, ou voleter devant les écrans. Ces moucherons étaient des insectes ramenés de voyages sur votre planète, ou d'autres endroits.
Mes heures en ce lieu de science étaient monotones, j'en vins à trouver bien moins de bonheur dans l'étude. Mes joies nouvelles étaient cependant liées à la venue des deux petits clones très jeunes qui me secondaient. Ils astiquaient le sol avec des bonds joyeux, se faufilant sous les tables, ramassant des manuscrits et jouant de manière charmante lorsqu'il leur fallait nettoyer les vitres. L'un se mettait à l’intérieur, l'autre à l'extérieur, et ils pulvérisaient du nettoyant et frottaient en se faisant des clins d’œil et en riant.
Nous étions tous abasourdis. Moi en premier. C'était la première fois que j'entendais un rire. Les enfants semblaient joyeux de nous servir, comme d'autres petits esclaves, ils étaient raisonnablement bien traités. Mais le soir, la froideur qui était de mise entre nous s'effaçait, les enfants me posant mille et une questions, sur les voyages, sur la glace, la dureté de ce monde. Je leur recommandais bien de ne pas trop rire et surtout pas devant les surveillants, craignant que les pauvres soient emmenés en salle d'amnésie pour être reconditionnés.
Les enfants gazouillaient souvent à voix basse dans le laboratoire, jouant avec un petit robot préposé au polissage du sol, qui s'amusait à les poursuivre en agitant ses bras. Lorsque nous étions occupés à étudier ou discourir et que le laboratoire était empli de chercheurs, ils demeuraient fort discrets, mais sitôt les lieux désertés, ils se lançaient dans des glissades sur le sol humide. Lorsque l'un des enfants heurta par mégarde un génie ombrageux qui piailla de colère, ce dernier nous lança de peu amène pensées, disant que de tels jeux étaient inconcevables et qu'il se plaindrait en haut lieu.
Mais heureusement, nous devions partir et les jeux des enfants, à l'intérieur du vaste vaisseau métallique éjecté dans l'espace, aux coursives absolument désertes, n'affecta en rien l'équilibre émotionnel inébranlable des rares robots et instruments de vol présents à bord.
Je pus passer plus de temps avec eux. Nous allions visiter une planète nouvelle afin d'y prélever des formes de vie, entre autres, des animaux et des Terriens, avec l'aval absolu de son gouvernement.
J'étais déconcerté qu'une poignée d'hommes soit prête à vendre ses concitoyens pour accéder à des gisements, de hautes technologies basées sur les semi-conducteurs, les terres rares aussi, et le cristal, ce que vous nommez puces, ou microprocesseurs.
Notre monde comportait une grande quantité de machines fort intelligentes et très serviables. Les enfants aimaient à veiller sur les robots. Ils passaient de longues heures à les astiquer, les huiler, et l'un d'entre eux transforma même un innocent robot de nettoyage des sols aux longs bras, en un compagnon de jeu fort attentif. Mon petit avait découvert des circuits de plus en plus complexes, et les avait ajoutés à la machine. Le robot ne parlait pas ou peu, mais il savait très bien se faire comprendre, avec ses mains ou quelques bips. Il se montra intéressé par nos lectures, mais aussi, par la propulsion, la navigation de tout le vaisseau. Lorsqu'un grand superviseur nous surprit un soir au salon, alors que les enfants étaient occupés à jouer à un jeu de société avec l'androïde, celui-ci nous fut confisqué sur le champ.
Les enfants en furent très malheureux, le robot poussa un étrange son que je n'ai jamais entendu chez une machine, ses bras furent entravés par précautions, et il dut accompagner le superviseur.
Ce robot était dépendant de nous, il avait besoin d'être inspecté, rechargé régulièrement. Mais le décret sur la création d'une machine pensante était strict. Il était défendu de créer une intelligence artificielle autonome.
J'appris plus tard que loin d'être déprogrammé, il avait passé plusieurs tests éthiques avec succès. Il ne présentait pas de danger. Il avait donc été affecté au travail dans une salle de biologie et il était considéré avec intérêt et même avec respect par les génies, qui voyaient en lui un très bon collaborateur.
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