L'apprentissage des petits aliens (14/14)

Publié le par Aurélia LEDOUX

L'apprentissage des petits aliens (14/14)

Message du Professeur Zolmirel

 

Le pilote et le navigateur

 

Une autre image apparut, celle là venait de Nerti, et le petit alien arrivait lui en un lieu bien différent, situé dans les souterrains du vaste complexe. Nerti, intrépide, curieux et inventif, avait descendu sans s'émouvoir les dizaines d'escaliers longeant l'énorme hyperstructure de la « machine ». Cette machine gigantesque qui alimentait tout l’immense édifice en eau, en air chaud et en énergie.

 

Il contemplait les réacteurs à plasma avec un regard brillant, fasciné par les grondements et les sifflements, qui émanaient de la belle structure métallique. La machine, compte tenu de sa taille, ne faisait pas beaucoup de bruit. Le centre était formé d'un haut cylindre, d'où partaient, en éventail, de vastes tuyaux, emplis d'eau chaude. Ceux-ci montaient, environ deux cent mètres plus haut, jusqu'aux derniers étages de l'édifice, pour alimenter les circuits des bains et des chaufferies, destinés aux serres, aux soins du linge et aux cuisines. Les eaux impures ou froides, redescendaient dans d'autres tubulures, de couleur bleue, afin d'être transformées en eau claire, en engrais et en terreau horticole. Il n'existait pas de circuit d'eau comportant des évacuations de toilettes. Les quelques peuples qui rejetaient des déchets organiques solides, les collectaient dans des vases. Ces vases étaient ensuite ramenés, pour servir à fabriquer un engrais très fort de premier choix.

 

En revanche, les eaux des cuisines, chargées en huiles et en graisses, permettaient de fabriquer des lubrifiants parfaitement naturels, pour les pistons, les pompes, les vérins. La machine était conçue pour les extraire et les injecter elle-même directement dans ses différents circuits. En dessous des pièces mobiles, les ingénieurs avaient conçu des bacs à graisse, pour recueillir l'huile usagée et les oxydes métalliques, qui étaient ensuite réutilisés.

 

Nerti contemplait ce prodige d'ingénierie, ainsi que quelques robots occupés à brosser un tuyau poussiéreux et à y étaler un peu de vernis. La machine était sans cesse surveillée, c'était un fait.

 

Il aurait pu rester là longuement, mais il sentit une présence.

 

Une jeune alien énergique assez grande et d'allure sportive lui souriait.

  • Tu es Nerti ? Enchantée, je me nomme Elzifel, sois le bienvenu en ce lieu. Tu n'as pas vu le meilleur, fit-elle en riant.

     

Elzifel était vêtue d'un bel habit bariolé de couleurs, bleu, rose, gris et jaune d'or, avec une sorte de châle qui recouvrait son dos. Elle marchait d'un pas énergique et tout dans son attitude montrait qu'elle respirait la joie de vivre. Nerti la suivit aussitôt.

 

  • Voici le grand pont, lui annonça-t-elle avec un sourire amusé.

 

Nerti fut incapable de formuler le moindre mot et elle le comprit très bien. Devant leurs yeux, se trouvait un vaste ensemble de plus de cent mètres de haut, composé de grues, de passerelles et de plusieurs tourelles d'orbiteurs en phase de montage. Un réacteur géant de croiseur long courrier occupait un bon tiers de la surface au sol. Nerti estima sa taille à plus de 600 mètres de long.

 

Il leva les yeux et vit le ciel blanc éclatant à travers la grande verrière. Très haut, au dessus d'eux, sur des balcons, des aliens curieux observaient le spectacle en se promenant sur les ponts, entourés de plantes vertes et de zones de détente, où ils pouvaient se restaurer.

 

Une centaine de petits vaisseaux flambants neufs attendaient que l'on veuille prendre soin d'eux. Des aliens méticuleux inspectaient les éraflures ou les creux présents sur les coques des navires rutilants.

 

  • Nous allons prendre celui-ci, fit Elzifel, en montrant à Nerti un superbe vaisseau turquoise et rose aux lignes effilées.

  • Il est magnifique, il doit aller très vite, lança le petit alien fou de joie.

  • Nous allons prendre le circuit, pour commencer, expliqua t-elle. Que sais-tu sur le remisage ?

  • Un vaisseau a besoin d'être inspecté avant chaque vol, il faut signaler toute anomalie aux mécaniciens. La première étape est de vérifier que les souffleries sont exemptes de sable, que les trains coulissent bien, et que le flux est suffisant.

  • Oui, fit l'alien, excellent. Nous employons à présent des déflecteurs gravitationnels sur toutes les tubulures, mais tu as raison, le sable et les poussières atmosphériques peuvent obturer un cylindre.

    Elle lui fit un geste joyeux de la main et Nerti monta lentement à bord du petit vaisseau, submergé de joie. Elzifel prit place à ses côtés.

  • C'est un vol d'essai, précisa-t-elle. A toi de me dire si cet engin peut voler.

 

Nerti sourit et activa les différents relais de navigation. Les convertisseurs sifflèrent et démarrèrent, le flux de plasma était optimal. Les cylindres, placés derrière eux au niveau du plancher, commencèrent à s'illuminer. Il inspecta les différents voyants indiquant le phasage des réacteurs en cours, l'admission du plasma dans les collecteurs, et le début de la réaction photonique. Le cristal situé au sommet de la cuve s'illumina lentement d'un beau bleu vert. Il n'en avait jamais encore vu de ce type.

  • Ce vaisseau est nouveau pour moi, mais tout a l'air en ordre. Les différents systèmes fonctionnent parfaitement, assura Nerti.

  • Alors accroches-toi bien, répondit la jeune alien amusée.

 

Elle activa le décollage, le vaisseau s'éleva à la verticale, lentement, puis fit un demi tour sur lui-même, Elzifel le dirigea vers une zone où un panneau venait de s'illuminer. Une porte s'ouvrit et le vaisseau descendit un long passage souterrain avec une merveilleuse aisance. Une accélération prodigieuse s'ensuivit, le navire bondit et enfila à toute allure une rampe oblique, où un petit disque clair se rapprochait : le jour !

 

Il accéléra, puis jaillit vers le ciel en une merveilleuse trajectoire ascendante. Nerti, collé à son siège était grisé par la vitesse, il rit de bonheur. Le petit vaisseau passa en vitesse de pointe, son extase augmenta encore. Elzifel se stabilisa en altitude, on voyait très loin en dessous, la jungle émeraude surmontée de brumes, entourant étroitement la montagne, et à son sommet, le centre d'apprentissage, perdu parmi les ravines, les vallons encaissés, les cascades étroites.

 

Elzifel ralentit et piqua dans l'atmosphère, elle plongea et rétablit l'assiette du vaisseau juste avant la forêt. Tout cela avait l'air très facile pour elle.

 

Le petit navire décéléra, il enfila une série de gorges où de nombreux oiseaux nichaient. Avec aisance, Elzifel évita les groupes d'oiseaux qui volaient d'un piton rocheux à l'autre.

 

  • Tu dois toujours ressentir ton environnement, expliqua t-elle. Première règle, ne jamais gêner la vie dont nous sommes responsables, les oiseaux, les petits animaux. Tu es encore jeune, mais plus tu voleras et plus ton esprit se déploiera à l'extérieur du vaisseau, tu pourras aussi agir, en observant par l'esprit de ton navigateur. Ce sera à lui de te prévenir si des oiseaux migrateurs passent à proximité ou si un autre vaisseau est en phase d'approche. L'immersion télépathique permet cette sécurité totale, pour toi et tes passagers, mais aussi pour tous ceux qui t'entourent et ne sont point informés de ta visite. Notre monde est fondé sur cette communion parfaite avec la vie.

  • Comment peux-tu... anticiper tout ce qui se produit ? demanda le petit alien.

  • Je sens la route à suivre, au fil du vol, le chemin le plus approprié, comme Erazel le fait lors de vos voyages. Ce principe est identique. C'est elle qui m'a appris tout ce que je sais, aussi je suis très heureuse d'être avec toi en ce jour. Elle t'apprendra aussi, bien sûr.

  • Pourquoi Erazel ne donne pas de cours de vol ici ? demanda Nerti.

  • Pour une raison très simple, elle est spécialiste de l'espace. Ici, ça ne va pas du tout assez vite à ses yeux !!! s'amusa Elzifel.

  • Es-tu navigatrice, ou pilote ?

  • Les deux, mais je préfère piloter bien sûr. Un bon pilote doit développer les deux compétences, en plus des compétences en antigravité de base. Si tu es d'accord, je pourrais aussi t'enseigner cela. L'antigravité est indispensable pour sécuriser un vaisseau qui possède une éventuelle avarie.

  • Je suis un petit alien et bien jeune... Je serai bien en peine de poser un vaisseau par l'esprit.

  • Tu te trompes, les facultés en antigravité n'ont absolument rien à voir avec la taille ! Erazel en est un parfait exemple, ses projections ont permis de déplacer plusieurs grues endommagées la semaine dernière.

  • Je suis un clone Denakh...

  • En effet, et ton peuple comprend de très habiles pilotes, même parmi les clones, qui ne sont pourtant destinés qu'à la maintenance des vaisseaux. Il te faut croire en toi, libérer ce potentiel endormi que tes ancêtres t'ont légué. Moi je crois en toi, dit-elle avec bonté.

 

Nerti croisa son regard et réalisa pour la première fois, que celui-ci rayonnait d'un éclat bleu ciel superbe et très doux malgré son caractère énergique.

 

Elzifel posa le vaisseau, le petit alien un peu tremblant en descendit. Il avait été rudement secoué, ébloui, heureux, et un peu rebuté par la montagne de travail qui lui restait à accomplir pour s'immerger dans le supra, comme le faisaient les vrais pilotes.

 

Le professeur Zablinsk apparut. Alors, Nerti quitta Elzifel, un peu attristé et la remercia, fort ému. Ils s'éloignèrent pour discuter.

 

  • As-tu fait bon vol mon enfant ? demanda le grand alien.

  • C'était très... surprenant et joyeux.

  • Oui, la manière de faire d'Elzifel diffère de celle des autres enseignants.

  • Professeur, ais-je échoué ? Pourrais-je toujours piloter ? demanda craintivement Nerti.

  • Non, tu n'as pas échoué, en aucune manière. Tu veux piloter ? Eh bien allons y ! Je dirai que tu as fort bien réussi ce petit test, normalement, la plupart des étudiants ne peuvent pas marcher droit pendant un petit moment, Elzifel va tellement vite ! Nous allons te faire passer d'autres tests, le but avant tout est de savoir si le pilotage te plaît, si tu résistes bien à l'accélération et si ton esprit est suffisamment calme pour pouvoir se déployer autour du vaisseau. C'est ton esprit, ton cœur, qui nous importent. Nous devons positionner les jeunes pilotes en une voie qui sied parfaitement à leur cœur.

  • J'adore voler, assura Nerti, très ému et à présent au bord des larmes.

  • Excellent, nous allons descendre au circuit, fit le professeur en appelant un élévateur.

 

 

Ils s'engouffrèrent dans la cabine et gagnèrent un vaste souterrain.

Il y faisait presque nuit, de petites lumières colorées séparaient de vastes cabines, avec un couloir, à droite, qui menait très loin en profondeur, vers d'autres zones d’entraînement. Le professeur entra dans une cabine et invita Nerti à s'asseoir sur un siège minuscule, parfaitement adapté à sa taille.

 

  • Tu es très jeune, commença t-il. C'est vraiment bien, tu vas disposer de plus de temps pour apprendre. Il te faut commencer tout d'abord par ressentir le vaisseau, dit-il, pendant que Nerti se sanglait dans son siège.

 

Le regard brillant, parfaitement concentré, le petit alien buvait ses paroles. C'était un simulateur ! Il en avait toujours rêvé !

 

  • Je veux apprendre, dit-il avec force.

  • Je vois cela, répondit le grand alien avec un petit rire. Nous allons commencer par un petit exercice. Il faut que tu fermes les yeux. D'abord, il te faut ressentir tout ce qui t'entoure, les moindres possibilités, les circuits.

     

Nerti n'avait pas du tout envie de fermer les yeux, ni de se détendre, il était impatient de commencer de suite, de lui montrer tout ce qu'il savait faire. Mais il écouta la voix du sage. Une autre partie de lui-même, plus posée, plus mûre aussi, prenait le relais, elle se manifestait bien plus librement depuis qu'il avait subi des soins génomiques. Il laissa son esprit aller, flotter hors de la cabine, comme le sage l'y invitait.

 

  • C'est très bien, fit le sage, tu peux ouvrir les yeux. Nous allons commencer par un petit vaisseau, dans une vallée très profonde sur un astéroïde, avec quelques chutes de pierres.

 

 

Empli de joie, Nerti fixa l'écran. Un dock spatial y apparut bientôt. Le sage Zablinsk éteignit les lampes. Il avait l'impression maintenant de se trouver vraiment dans l'espace. Le réalisme était saisissant, car les images de la simulation avaient été prises par de vrais vaisseaux.

 

 

Nerti déclencha les procédures de départ et les données du vaisseau défilèrent, c'était un petit navire de fret d'une dizaine de mètres de long, un petit escorteur rouge. Le vaisseau contenait une cargaison fragile, de la vaisselle et des vases.

 

Il y eut un bip, tous les voyants étaient normaux, le potentiel de charge optimal avait été atteint.

  • Tu peux lancer le décollage, fit le sage.

 

Nerti activa les dispositifs d'éjection magnétique, il perdit un peu de temps pour engager la propulsion, le navire redescendit un peu et un train d'atterrissage racla le sol métallique. Le petit alien releva le nez du vaisseau et activa la poussée oblique. Le vaisseau s'éjecta avec célérité, suivant la route indiquée sur le transpondeur de manière parfaite.

 

Il approcha d'un vaste corps à demi elliptique ponctué de crevasses, un astéroïde. Un bip retentit, ils étaient suivis, donc, une trajectoire de déroute devenait nécessaire pour semer les pirates qui les talonnaient de près. Le petit vaisseau piqua vers l'astéroïde, Nerti négocia souplement un demi tonneau pour passer entre de hautes parois de pierre.

 

  • Excellent, fit le professeur, qui n'avait que rarement vu cela.

Le vol se poursuivit, les obstacles devenant de plus en plus rapprochés. A chaque fois, le petit alien louvoyait au dessus de hauts pinacles qui surgissaient subitement du sol. Le vaisseau pirate accéléra, atteignant une folle allure, obligeant Nerti à aller de plus en plus vite.

 

Le petit alien vira entre une très haute chandelle de pierre, ne comportant que deux portes fort étroites, il dut coucher complètement le vaisseau sur le côté pour passer, un exploit. Vint une grotte garnie de très grandes stalagmites, avec des fenêtres de vol extrêmement réduites, mais le petit vaisseau rouge se faufilait avec toujours plus d'aisance. Il émergea finalement, de l'autre côté de l'astéroïde, là, un long courrier attendait. Nerti entra avec précision dans le couloir de décélération menant au hangar, il frôla légèrement une paroi, il y eux un crissement, puis, il se posa à l'emplacement exact indiqué sur l'écran. Il y eut un son plaisant. La scène s'éteignit, la lumière revenant lentement dans l'habitacle.

 

Alors, Nerti réalisa qu'ils n'étaient pas dans l'espace, mais dans un simulateur spatial hautement réaliste.

 

 

Le professeur Zablinsk revenait lentement à lui, après cette dizaine de minutes suspendues hors du temps. Il avait l'air très impressionné.

  • Eh bien mon enfant, je suis extrêmement fier de toi. Tu as certainement été un grand pilote dans une autre vie, tes compétences sont réellement merveilleuses ! Pour cette première séance, je ne t'ai pas facilité les choses. Tu as juste un peu rayé la peinture, mais pas le moindre bris de vaisselle n'est à déplorer ! s'amusa-t-il. Tu es certes très jeune, et il a fallu monter ce siège à ton intention, il n'y avait pas de simulateur adapté. Mais si tu le souhaites, tu pourras devenir aspirant, cela ne fait pas le moindre doute.

  • Oh merci ! rayonna le petit Nerti. Cela est mon rêve le plus cher !

  • Il te faudra trouver un navigateur. Peut-être l'as-tu déjà reconnu... émit le sage d'un ton énigmatique.

  • En effet, répondit Nerti très sûr de lui. Il fera sans nul doute un excellent navigateur.

 

Le petit alien et le professeur Zablinsk descendirent du simulateur. Ils se quittèrent peu après, tous deux ravis de leur séance.

 

Nerti réfléchissait, Zilner était certainement un grand prescient, songea t-il. Le savait-il seulement ? Il ne connaissait pas encore les galeries du centre d'apprentissage, mais lorsqu'il le retrouva, il effectua une projection brillante vers leur chambre. Nerti serra son jeune frère près de lui, heureux de le retrouver.

 

  • Ta journée a été bonne ? demanda-t-il .

  • Oh oui, répondit Zilner. J'ai eu la chance de pouvoir observer de très belles planètes pour de vrai. Les instruments sont si sensibles, que l'on peut les admirer même le jour. Tu te rends compte ? Les astronomes ont réussi à capter le rayonnement fondamental de la matière. Cela leur a permis de reconstituer l'intérieur des planètes, de comprendre comment elles se sont constituées, comment elles respirent, de concert avec leurs soleils. Tout cela était très brillant. Bien sûr, ce qu'il y a d'encore mieux, c'est tout ces voyages que nous avons faits. Ce qui me plaît encore davantage, c'est de voir des planètes pour de vrai, expliqua-t-il.

  • Je connais un excellent moyen d'y parvenir, si tu deviens navigateur, tu pourras en voir, beaucoup... exposa Nerti.

  • Je ne sais pas, cela me fait un peu peur, de voler dans l'espace. Eh puis, pour être navigateur, il faut maîtriser beaucoup de choses, l'antigravité, les formules de corrélation et de décorrélation du temps, de l'espace... Il faut... être un prescient, émit craintivement le petit alien.

  • Tu es déjà tout cela, ou tu l'as déjà été, et moi je sais pourquoi nous sommes ensemble, assura Nerti. Je voudrais que tu sois mon navigateur.

  • Voici une demande pour le moins officielle ! s'amusa Zilner. Ce que je veux, c'est être astronome, mais c'est vrai, j'ai aussi rêvé d'apprendre à naviguer, comme Erazel. Après tout, une carte spatiale n'a pas grande utilité si l'on ne voyage pas. Et j'adore cela, dessiner des cartes, trouver des passages dans l'espace. Je veux bien apprendre, si je suis assez doué pour cela. C'est une grande responsabilité...

  • Nous serons deux, le rassura Nerti. Je suis certain que tu feras un très bon navigateur.

  • Je te remercie, mais nous ne sommes encore que des enfants... Je ne sais pas s'ils voudront d'un moucheron de mon espèce pour apprendre à faire léviter des objets, hésita Zilner, dont le bras atteignait à peine la poignée de la porte.

  • Ne pense pas à cela, c'est sans doute un atout que tu ne vois pas. Les aliens les plus menus et les plus petits sont ceux là même, qui sont le plus recherchés par les spécialistes ! Erazel serait parfaitement en mesure de déplacer un croiseur tout entier, alors qu'un humanoïde ou un lézard couvert de muscles en serait incapable, assura joyeusement Nerti.

  • C'est vrai, la force de l'esprit, de la plume aussi, est loin au dessus de la vaine agitation des êtres fiers et pompeux, comme le dit Zilmis. Nous avons tout le temps pour choisir notre destin. Ce lieu est très agréable, et il y aura toujours une place pour nous sur ce monde.

     

Les deux petits aliens s’assirent sur le lit, l'un près de l'autre. On approchait de l'heure du soir.

  • Je vois notre père, émit Nerti, directement par l'esprit, à son jeune frère.

  • Je le vois aussi, assura Zilner, il a été tout près dans notre cœur tout au long de la journée, Zolmirel et Zilmis sont à ses côtés avec Orel et Dorian.

     

 

La scène, brillante, emplie d'amour, se poursuivit longuement. Amoni, Zilmis et moi-même partagions ce flux télépathique immense, qui nous reliait aux enfants. J'étais immensément fier d'eux, et pour Amoni, il s'agissait d'une émotion plus vaste encore. Mon si sage et si timide ami étreignit Orel et Dorian longuement en pleurant de bonheur. La présence brillante des êtres de Lumière en notre demeure avait magnifié nos vies. Ses fils allaient être promis à un heureux et brillant avenir, comme peuvent l'être tous ceux de mon monde, même s'il ne s'agit pas de natifs.

 

Les sages veillant au bien être des habitants de mon monde avaient à cœur de toujours favoriser le talent des jeunes enfants. Nerti et Zilner avaient été recueillis dans l'espace, ils avaient été ensuite adoptés par Amoni, avec l'assentiment des anciens. Une voie était donc toute tracée pour eux dans notre société, il était normal qu'ils en bénéficient. Notre monde ne faisait aucune différence entre les natifs et les nouveaux venus. Les sages étaient même très favorables à la venue de nouveaux aliens ou d'humanoïdes, dans une certaine mesure. La seule limite provenait des quotas de peuplement. Notre planète et notre peuple entendaient rester une société à faible population. La vie végétale et animale était très épanouie sur mon monde et il devait tout naturellement en être ainsi, pour que la cohabitation se fasse parfaitement, aussi, pour que chacun soit le plus heureux possible.

J'ai été ravi de délivrer ce texte, chers habitants de la Terre bleue. Votre monde est aussi un petit paradis, continuez à en prendre grand soin, je vous salue bien bas et loue vos efforts si méritoires.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

 

 

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