L'illumination de Mars (1/5)

Publié le par Aurélia LEDOUX

L'illumination de Mars (1/5)

Message du Guérisseur Lestrys

 

Me voici de nouveau devant vous, pour revenir sur nos incroyables aventures sur Mars.

 

Je suis le guérisseur Lestrys. En ce jour magique, nous venions de faire la connaissance de nos amis, les Vénusiens, en poste sur ce monde depuis des éons. Leurs principales actions étaient l'étude de la biosphère, la dépollution des eaux enfouies, du sous-sol, et l'étude des vestiges passés. Une importante délégation de Vénusiens œuvrait à converser avec les différents peuples qui occupaient ce monde aride.

 

Il était difficile d'y faire pousser quoi que ce soit à la surface, mais en sous-sol, tout devenait possible. Les Vénusiens avaient ainsi développé des lieux de vie très confortables en profondeur. Nous étions tout étonnés de découvrir ces grands ensembles de citadelles superbes, au décor fastueux, rayonnant de couleurs, de parements de pierre en forme de corolles, de pétales, ou de cristaux scintillants.

 

Notre ami Vénusien, Ulphéniel, nous expliqua qu'une action importante était engagée auprès des rescapés. Ils avaient agi à distance pour leur procurer des vivres. Nous devions, bien évidemment, y retourner. Notre prochaine action serait de gagner leur confiance, puis, de nous présenter à eux. Mais notre guide nous avertit, les cinq aliens étaient très craintifs.

 

Je méditais sagement. Il fut convenu d'un commun accord, que moi-même, Eratsu, et Darsimen, étions les mieux placés pour progresser à l'intérieur de boyaux dangereux. Issaltir et Mellkit, seraient eux, chargés de déchiffrer certaines parois couvertes de hiéroglyphes. Paul et Laiev, devraient trouver un moyen de cartographier le réseau souterrain, avec les enfants. Il s'agissait d'un travail passionnant, les Vénusiens avaient à leur disposition pour ce faire, des cellules sondoscopiques d'une très grande sensibilité. Elles étaient si précises, que la position des rescapés dans leur grotte, nous apparut clairement.

 

Chacun de nous était pressé d'y retourner. Nos hôtes nous guidèrent pour sortir de leur cité. La chenille pilotée par Lokhaïl enfila les virages avec aisance.

 

Nous sommes parvenus en un boyau à demi effondré, dont on voyait que le plafond avait été reconstitué de manière experte. La roche était couleur ocre, lézardée en de nombreuses occasions. La chenille s'immobilisa en un lieu sablonneux un peu plus sûr, pour y faire étape. Le petit Nimlin demeura auprès de Paul, et effectua des analyses d'échantillons d'eau en une galerie. Une fissure étroite s'ouvrait sous la roche, et celle-ci était notre chemin, précisa Darsimen. De manière exceptionnelle, le petit Stency fut autorisé à nous accompagner. Sa présence était essentielle au bon déroulement de notre mission, nous assura le sage.

 

Nous avons donc progressé dans ce réseau de galeries très obscur, simplement éclairés d'une petite lampe à plasma. De la vie subsistait à ce niveau et prospérait, car des petits bruits d'éclaboussures nous parvenaient à chaque fois qu'un lézard ou qu'un amphibien plongeait dans l'eau. Nous avons surpris plusieurs salamandres, des sortes de petits iguanes, qui nous regardèrent passer posément depuis leur rochers, et des volatiles furtifs, un peu comme des chauve souris, mais plus proches de petits lémuriens ou d'écureuils. Ces animaux se nourrissaient d'une étrange végétation lacustre, qui pendait du plafond de la grotte, en formant des draperies sombres, de racines et d'algues.

 

Je souhaitais examiner, puis goûter éventuellement certaines algues, mais leur taux de toxines métalliques était bien trop élevé. Darsimen me déconseilla formellement d'en manger.

 

  • Les animaux s'y sont adaptés, pas nous, précisa-t-il.

     

Nous avons continué notre progression, parvenant à un boyau bien plus clair, illuminé de temps à autres de grands rais de lumière dorée. Le sable jaune pâle qui parsemait ce lieu était magnifique.

 

Après deux à trois heures de marche dans ce sable, ce qui n'est pas chose aisée, nous sommes parvenus en une grotte toute parée de cristaux rouges. Chacun de nous activa les protections de sa combinaison, et de grands rais de lumière arc en ciel nous entourèrent. Le spectacle des parois était confondant de beauté, hélas, en ce lieu, croissaient des cristaux de cinabre, avec des vapeurs toxiques. Nos dispositifs protecteurs se désactivèrent d'eux-mêmes après un court trajet, une fois passée la zone dangereuse.

 

  • Il sera fâcheux, voire impossible, de faire traverser ce lieu à nos compagnons, fit observer Eratsu. Eux n'ont pas de combinaisons.

  • Ne discourons point de ce que nous ne pouvons encore savoir, fit Darsimen, d'un ton amusé. Notre mission est visible de tous et suivie en haut lieu. Une aide bienvenue nous sera offerte au moment opportun.

     

Le petit Stency ouvrait de grands yeux inquiets en serrant ma main bien plus fort que d'ordinaire. Il faisait le moins de bruit possible et une angoisse sourde le paralysait.

 

Effectivement, nous étions parvenus en des lieux de soubassements, garnis d'épaves en tous genres. Qu'il s'agisse de vaisseaux, de blindages ou de blocs de pierre, tout était détruit, avec en plus quelques ossements fragmentés un peu partout. Il y en avait peu, fort heureusement, car moi non plus, je n'en menais pas large. Nous sommes passés sous un porche de plus de quarante mètres de haut, une galerie voûtée taillée avec des blocs de 20 à 30 mètres de large, se dessinait au dessus de nos têtes. C'était un travail improbable, stupéfiant, parfait.

 

  • Quel superbe ouvrage, commenta allègrement Eratsu. Ce n'est pas le meilleur endroit pour converser bien sûr, mais ces parois sont garnies des stèles les plus fines.

     

Il prit quelques clichés en enjambant des éboulis. Eratsu était un alien d'une toute autre trempe que nous tous réunis, jamais, il ne se départissait de son calme ordinaire. Son courage était immense. Cela ranima le mien au bon moment, car il nous fallut franchir des eaux obscures et froides sur environ dix mètres, une épreuve pour un alien.

 

Eratsu porta Stency avec célérité. Je m'enfonçais résolument dans l'eau, marchant aussi vite que possible, avant que mes membres ne se paralysent. Le fluide glacial me causa un engourdissement, puis une douleur très vive. A ce moment, Darsimen agit grâce à son fluide, en me tirant, puis en me déposant sur la berge. Je m'effondrai sur un rocher, Stency venant me réconforter.

 

  • Nous y sommes presque, fit le sage en tirant un petit calorigène de son sac.

 

Il le sortit, le déploya et nous nous sommes installés tout autour pour nous sécher. Tout mon mal être passa, mes jambes revenant à la vie instantanément, notre courage aussi fut ragaillardi. Avec un sourire, Darsimen distribua des mets délectables à chacun de nous. Ses beignets aux herbes et aux épices me parurent absolument délicieux. Je me félicitais de me trouver en aussi bonne compagnie en un tel lieu. Décidément, mes compagnons étaient si habiles, que rien ne pouvait nous arriver.

 

Peu après, nous avons pu nous remettre en route, passant devant plusieurs roues de pierre géantes un peu fissurées. Des machines gigantesques nous apparurent, le système hydraulique, les recycleurs et le chauffage de toute la cité, certainement. Malgré les ans, seule la poussière les recouvrait, ces installations métalliques ayant été bien préservées. Darsimen nous désigna un étroit boyau ascendant, qui débouchait sur une vaste lumière claire.

 

  • Nous y sommes, dit-il. Dans un premier temps, cela va être à toi d'y aller, mon cher petit, expliqua t-il en regardant Stency.

  • Et pourquoi ? Pourquoi-moi ? glapit-il.

  • Parce que tu es un enfant, exposa simplement Darsimen. Les rescapés seront bons avec toi, ils seront aussi intrigués.

  • Et s'ils me tirent dessus ? demanda le petit alien au bord des larmes.

  • Cela ne se produira pas. Il est illogique de tirer sur un être qui ne représente aucun danger, assura Darsimen.

  • Tu possèdes aussi une combinaison à toute épreuve, souviens-toi, dis-je d'un air rassurant. Rien ne t'arrivera, nous serons tout près de toi.

 

Stency parut un peu plus confiant. Il fixa le bout de la galerie d'un air un peu plus optimiste.

 

  • Que dois-je faire ? Que dois-je leur dire ? nous demanda-t-il.

  • Tu dois juste expliquer que tu es un peu perdu. Tu fais partie d'une expédition de minéralogie, et ta famille se trouve dans ces ruines. Tu dois expliquer qu'ils possèdent un vaisseau, bien sûr, fit Darsimen avec un sourire.

  • Dois-je leur parler de vous ?

  • Absolument, fit le vénérable alien. Réponds à toutes leurs questions, ne leur cache rien. Ensuite, nous t'enverrons un message. Il suffira qu'ils te suivent.

  • Et s'ils ne le veulent point ? s'inquiéta Stency.

  • Je suis certain qu'ils le feront. A présent vas-y, l'instant est faste, prononça le sage alien.

 

Stency embrassa chacun de nous, pour finir par moi. Il réprima un sanglot et s'élança dans le minuscule passage qui menait à la vaste lumière jaune clair.

 

Il atteignit l'extrémité, et disparut.

 

  • Vous êtes certain qu'il ne lui arrivera rien ? demandais-je à Darsimen.

  • Oui, il n'est point de danger. En revanche, pour nous, il n'en serait point du tout ainsi.

 

Darsimen et nous-mêmes ne pouvions avancer, certains autrement que notre présence serait ressentie par les rescapés. Alors, notre vénérable ami déploya ses sens de l'autre côté de la falaise, nous permettant de percevoir ce qui advenait.

 

D'un pas à peine audible, Stency marchait dans un très grand couloir blanc, taillé d'une seule traite dans la pierre, de manière parfaite. Il percevait sous sa position, une épave d'escorteur en mauvais état. Le petit alien furtif gagna un escalier. Il descendit lentement chaque marche, se dissimulant derrière une colonne de temps à autres. Après 80 mètres de descente, il se trouva face à l'arrière de l'épave. Là, il ne pouvait percevoir qu'une partie de la silhouette élégante installée à l'arrière du bâtiment.

 

  • Laskazzu mitehel ? appela une voix bienveillante.

  • Nimet nimolina, répondit un petit alien fluet d'une maigreur épouvantable.

 

Stency marcha lentement vers eux. Une fois qu'il fut parvenu à environ 30 mètres, les aliens se tournèrent aussitôt vers lui. Ils se figèrent tous. Cet instant dura plusieurs secondes, Stency s'efforça de ne pas ciller et s'inclina poliment, aussi bas que sa peur lui permettait. Il prononça plusieurs bénédictions.

 

  • Nobles voyageurs venus de loin, je suis heureux de notre rencontre. Permettez-vous à un enfant tel que moi d'entrer en votre illustre demeure ? gémit le petit Stency.

 

Le terme illustre demeure pouvait faire sourire, surtout quand on voyait l'assemblage précaire de poutrelles tordues qui jouxtait l'entrée, mais la grande alien au visage étonné s'en amusa.

 

  • Eschaïdu ? couina le petit clone malingre fort surpris.

  • Je le sais bien que c'est un enfant, fit la grande alien avenante en rangeant un paralyseur longue portée. Dis-lui donc d'entrer et souhaites lui la bienvenue, veux-tu ? Le pauvre a l'air encore plus épouvanté que nous.

 

Le jeune clone malingre aux habits rapiécés et poussiéreux s'avança et s'inclina.

  • Andezza, couina t-il. Lektoma nis essibel ! dit-il en désignant la « maison ».

 

Le petit Stency consentit à entrer, son visage retrouvant un peu de couleurs. Une soierie dorée, orange, verte et pourpre, présentant un décor à couper le souffle, ornait le plafond du vaisseau. Dessus, les rescapés avaient écrit de longues formules de protection et des prières.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

 

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