L'amour infini (2/2)
Message du Professeur Zolmirel
Nous sommes entrés en un vaisseau d'une très grande beauté, entièrement en cristal pour ainsi dire vivant. L'intérieur était arrondi avec tout le confort dont on pouvait rêver.
Il n'était là aussi nul instrument, nul appareillage d'aucune sorte. Chacun prit place en un petit salon fort agréable. Des boissons nous furent distribuées par des êtres semi-éthérés qui flottaient au dessus du sol. Je compris qu'ils avaient eu autrefois une place dans le réel, mais qu'ils avaient quitté définitivement cette vie, demeurant à l'état purement énergétique. Il en était quelquefois ainsi.
Tout autour de nous, les pensées douces des couples émerveillés jaillissaient. Le vaisseau s'éleva avec célérité, franchissant notre atmosphère en quelques minutes. La proximité immédiate de l'être aimé me fit échapper à toute impression d'inconfort. C'était renversant. J'avais bien des choses à ajouter aux précédents exposés sur le vol spatial que j'avais écrits. Ma faculté de réfléchir, d'analyser, se mit au ralenti. Je me laissais absorber par la légèreté de notre ascension. L'énergie prodigieuse qui jaillissait de Zilmis, entourait sa silhouette de panaches orangés, le faisant ressembler à un soleil vivant. Son teint saumon magnifique était plus resplendissant que jamais et ses prunelles bleu pur en émergeaient, aspirant tout mon être.
Les êtres autour de moi me parurent fort beaux également. Une petite alien au teint violet pâle et aux yeux noirs très brillants me rappela un peu le petit Nerti. Elle contemplait la lune qui approchait avec la même espièglerie. Son époux, un grand Kolal d'âge immense portait une tunique orangée et ambrée parée de motifs roses irisés, qui soulignaient son teint nacré et rosé des plus agréables.
Deux très jeunes Galmols des marais au teint bleu vert nous adressèrent un sourire bienveillant. Chacun était heureux de se trouver ici, d’avoir été appelé en ce lieu sacré.
La lune Erdonzia commença à apparaître, se découpant dans la partie supérieure de la grande verrière. Une plaine bleu acier se dessina, entrecoupée de panaches ondoyants de forme blanche veinée de jaune et de brun. C'était bien sûr un site entièrement minéral d'une exceptionnelle beauté. Le pilote mystérieux de notre astronef lui fit effectuer un demi tonneau et rétablit l'assiette du navire. Une série de beaux cratères couverts de végétation rase s’étendaient à perte de vue. Des ruines et juste à côté, de très grands temples fastueux, étaient en cours de restauration. Le site s'étendait sur une vingtaine de kilomètres en tout.
Nous avons entraperçu une machinerie ancienne particulièrement immense, hérissée d'antennes avec des capteurs variés. Chacun de nous s'en étonna.
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Les anciens n'étaient pas encore des prescients. Ils ont coiffé cette lune des dispositifs de protection les plus sophistiqués pour les prévenir de toute intrusion, ou de tout navire en difficultés. Il existe aussi des appareils de prise de vue à longue portée pour cartographier tous les astres de ce système.
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S'y trouve t-il également des stations plasmiques ? demanda un grand alien avec quelque nervosité.
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Oui, émit l'alien, mais tout cela a été transformé, vous vous en doutez bien. Cette installation est à toute épreuve, votre fluide ne l'affectera pas. Tout l'armement dangereux a été transformé, ce sont des sites de défense, essentiellement. Le fluide sacré qui entoure les mondes pourvoit à leur protection de manière aisée.
Nous avons suivi l'aimable créature d'un air conquis. Bien sûr, les grands Anciens avaient anticipé tout cela. Ils voyaient, ils savaient. N'étions-nous pas le fin moteur de tous leurs engrenages ? Leur pensée d'un raffinement extrême, avait saisi le lien qui nous reliait à nos mondes-mères. Tous les êtres frappés de la grâce, se voyaient attribuer un rôle sacré.
Nous sommes descendus du beau vaisseau doré et argenté, entouré de lueurs rosées et bleutées si splendides. Un jardin improbable se tenait en face de nous, avec une volée de marches menant au centre d'un tout petit cratère paré de fleurs roses. Le ciel sous la voûte était noir, voilé de bleu ou de rares sillons argentés, les étoiles nous faisaient des clins d’œils amicaux. Une autre terrasse suivit, une petite cascade s'y déversait. Autour de nous, la roche blanche, argentée, et bleutée brillait légèrement, mais ce n'était rien comparé à la végétation bioluminescente qui l'entourait !
Une vie de l'uranium, une vie du radium, parfaite !
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Ces plantes comportent du fluor, émit l'aimable alien, si telle est votre question. Il vaut mieux ne pas les toucher ni les consommer, mais cette vie est parfaite, effectivement, souligna-t-elle avec mystère.
Nous l'avons suivi, nous extasiant de ces riches étagements de verdure dorée, émeraude ou pourpre.
Des eaux au coloris varié s'écoulaient en de vastes bassins, j'y perçus plusieurs lacs acides. L'éclat laiteux et turquoise de leur surface était profondément attirant.
Nous avons gagné un autre cratère, paré lui, de hautes éminences cristallines au coloris exceptionnel. Le silence se fit, chacun entrant en une méditation profonde. Je percevais la conscience attentive de ces êtres multi millénaires, leur amour aussi. Notre groupe se figea, beaucoup des nôtres s'asseyant ou s'agenouillant pour écouter avec soin ces présences qui nous accueillaient, nous faisant don de leurs pensées. Bouleversés, Zilmis et moi-même nous regardions, faisant face à une haute éminence cristalline noire parée de pourpre. La pensée qui s'en éleva était aussi pure que celle d'un enfant.
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Je suis bien aise de vous voir, amis venus de loin, je suis l'être du cristal Aegesnorth, se présenta l'entité.
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Nous sommes humbles devant vous, exposais-je.
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Oui, les vôtres êtes bons avec les pierres, ils ne les pillent, ni ne les fracturent, voici pourquoi notre protection est sur vous. La vie qui s'écoule en nous est la même que celle qui circule au cœur des astéroïdes, voyageurs venus de loin. C'est ainsi que les prescients de votre espèce peuvent converser avec la matière, l'orienter. De cette manière, parer de vieux temples de pierre défraîchis de leur éclat premier devient aisé pour eux. Vous y voyez là une belle magie. Nous y voyons le résultat d'une loi appliquée avec soin, avec constance : le respect de toute vie, en particulier de l'invisible.
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Nous sommes honorés de telles paroles.
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Je le suis aussi, émit l'être rayonnant. Approchez, enfants, que je vous voie mieux, vous êtes tout parés d'éclats exceptionnels ! Voilà un amour bien grand ! s'amusa-t-il.
Je perçus en un éclair, comme l'empreinte énergétique d'un être fort petit, un jeune homme rieur, proche de quelque lutin. Une autre image vint, celle de Zilmis et moi-même visibles à travers la roche cristalline brune, un peu hésitants en ce lieu de haute radiance, ma silhouette entourée d'un éclat jaune vert et celle de Zilmis parée d'orange et de rosé moucheté de bleu.
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L’amour est sacré, enfants, vous ne devez point vous sentir indignes de fouler ce lieu. Certaines populations de votre monde ont été transmutées, d'autres ne le sont pas encore. La grâce véritable habite vos deux cœurs. Certains êtres ont besoin pour se réaliser, de cette forme de complétude qu'ils ressentent à travers l' « autre ». D'autres en sont au stade de la vie spirituelle et trouvent cette complétude en s'immergeant dans une transe méditative parfaite. Cela dépend du niveau énergétique de chacun, certains grands prescients ont un époux, d'autres n'en ont pas. Ce qui compte est d'être heureux le plus possible. Allez, enfants de cette terre, soyez en paix.
Nous avons remercié la haute présence du cristal. Nous étions bouleversés, chacun de nous pleurant de joie. Il nous fut donné de rejoindre d'autres couples face à une sorte de rivière d'un genre nouveau. Une rivière en effet coulait en ce lieu, mais ce n'était point de l'eau ordinaire, il s'agissait d'un fluide bleuté iridescent et nous avons même pu le toucher, il ne dégageait nulle chaleur.
Il s'agissait de plasma, un état de la matière ni gazeux, ni liquide, ni solide, mais les trois à la fois.
Notre guide nous menant en une grotte, chacun de nous s'immergea dans ce fluide sacré, le buvant et le respirant en même temps. Cette eau première laiteuse était un véritable nectar, son goût exquis nous donna à tous l'impression de naître une seconde fois. Une autre salle suivit celle-ci, baignée des draperies de calcite dorée les plus somptueuses, un éclat chaleureux baignait ce site, là encore d'origine mystérieuse. Je me sentais si heureux qu'une flamme brillante avait gagné mon cœur, effaçant tout le désir de connaissances nouvelles qui m'étreint d'ordinaire en cette occasion. J'étais avec Zilmis et ces moments n'avaient pas de prix.
C'était une autre manière de vivre, de penser aussi, et je la trouvais nouvelle, fort agréable. Tout mon être passé venait de me quitter. Notre guide nous invita à une méditation collective, tous assis en cercle, nous nous tenions aux côtés de la douce entité souriante. Un fluide immense nous baigna bientôt, il y avait l'amour cumulé de tant de couples les uns près des autres. Notre fluide rayonnant s'éleva, notre conscience s'échappant.
Ma vision s'ouvrit pleinement, je vis apparaître devant moi les très grands ancêtres, immenses, éthérés, de plus de vingt mètres de haut. Mon esprit se dilata, je vis sur nos planètes sœurs d'autres éminences, d'autres êtres plongés dans la même joie sereine, ces cercles d'êtres aimants possédaient une puissance inouïe, le fluide s'éleva encore dans ma colonne vertébrale, faisant crépiter l'air autour de moi. Je vis bien d'autres êtres réunis de la sorte, des aliens, des humanoïdes, mais aussi des animaux de la terre, de l'eau, et même des groupes d'êtres de l'air, aux formes chatoyantes.
Oui, la vie s'écoulait en nous, autour de nous, nous reliant à toute créature, à toute la trame immense du vivant. Je vis de même pour mon plus grand bonheur, des clairières où les arbres poussaient naturellement de la sorte, en cercle. J'en comprenais le sens peu à peu. Un sentiment d'euphorie grandiose me submergea, tant et tant d'amour ! Il y en avait tant dans l'espace ! Cette flamme inouïe s'éleva, j'entrevis une étoile, je m'approchais, là aussi, des cercles d'êtres de pure lumière s'y tenaient. La vie était aussi à l'intérieur des étoiles, dans leur périphérie, une vie subtile, de très grandes âmes rayonnantes d'amour. Ce panache ondoyant, renforcé, de milliers et de milliers d'âmes gagna bientôt une très grande étoile, celle-là même qui se tenait au cœur de notre galaxie, un amour plus grand encore m'habita. Je ressentais une conscience immense et protectrice, son fluide exceptionnel m'habita. Je rayonnais de lumière, intérieurement.
Chacun de nous ouvrit les yeux lentement. Je contemplais Zilmis, encore plus magnifique qu'auparavant, tout rayonnant d'étoiles. Son corps, de même que le mien était à demi phosphorescent, une énergie prodigieuse s'en échappait lorsque je frôlais ses mains. Je souris largement, illuminé de bonheur.
Nous sommes revenus, un peu chancelants, vers le petit vaisseau, chacun ne disant mot, empli de félicité. Zilmis et moi même étions assis l'un près de l'autre, plongés dans une communion énergétique bouleversante. Mon cœur battait très fort, ce qui est plutôt inhabituel pour notre espèce paisible.
Nul couple ne parlait, les êtres aux mains étroitement entrelacées contemplant leur moitié comme s'il se fut agi d'un trésor. Notre vaisseau revint vers notre belle sphère toute étoilée, et je vis alors un monde rayonnant de lumière, constellé de zones éblouissantes en une vision émeraude bien différente. La majesté de notre planète vue de l'espace me révélait la beauté de ses corps subtils, je ne l'en aimais que davantage. Tout me semblait parfait en cet instant.
Lorsque vint l'image du petit Nerti penché à sa fenêtre d'un air morose et peiné par notre absence, je lui envoyais aussitôt une pensée d'amour rayonnante, de même qu'à Zilner et à tous mes compagnons. Le petit alien se mit à gambader de joie et alla embrasser son père, lui aussi touché par nos pensées heureuses.
Le vaisseau se posa, en un crépuscule qui commençait tout juste. La jungle émeraude se paraît d'éclats délicats des plantes irisées, rosées, bleutées, violines, qui émettaient chacune un éclat coloré des plus somptueux. Il nous semblait en cet instant être arrivés au pays du rêve. Les fleurs se paraient d'or pur, de gouttelettes de cristal sur leurs corolles prunes, lavandes rehaussées de bleu, de turquoise et d'émeraude. Tout ce monde débordait de lumière comme pour nous accueillir, la féerie des secondes n'en finissait pas.
Nous avons salué nos compagnons, puis regagné le sommet de la vaste montagne avec aisance, en flottant sans efforts. J'étais abasourdi de cette capacité, complètement nouvelle pour moi. Ordinairement, mes facultés à léviter ne se déployaient point aussi aisément, et il m'aurait été impossible de faire voler un compagnon. La présence de Zilmis semblait transcender tous les possibles, il me faisait pleinement confiance. Notre jolie demeure arrondie nous attendait, le sol tout autour de nous rayonnant d'éclats pourpres, dorés, ou blanc pur.
Je fixais le haut temple de l'amour, duquel des colonnes de lumière incandescentes semblaient fuser vers le ciel, un fin réseau lumineux zébrait les alentours en une pulsation de vie éclatante.
C'était une très belle vision, je compris en cet instant que toute cette énergie, se répandait sur notre planète en une pluie bienfaitrice. Les anciens en s'immergeant dans ce fluide sacré pouvaient en permanence prendre soin de notre monde avec dévotion. Ils veillaient à la santé, à la sécurité et au bien être de tous, chez nous, ou dans les zones spatiales proches, avec un dévouement admirable.
Zilmis et moi même, sommes entrés dans notre petite demeure. Là, dans la pénombre, nous nous sommes étreints, émerveillés de cette première journée en ce pays de rêve. Un amour encore plus grand m'habitait, il ne semblait point y avoir de fin à cette rivière d'extase incomparable.
Je fixais par la fenêtre les voiles de lumière évanescents, qui semblaient faire un pont vers les étoiles et m'envolais hors de mon corps, encore une fois.
De belles cités de cristal rayonnantes de blancheur se révélèrent à mon regard. Dorian, Orel et Amoni avec les enfants étaient là de même. Un rêve plaisant m'habita. Les nôtres ne peuvent guère être séparés par l'esprit bien longtemps. Par delà l'espace et le sommeil, ils se retrouvent aisément.
Je souhaite que ce récit vous ait plu, chers enfants de la Terre et vous invite à partager de belles communions psychiques, avec vos proches, qu'il s'agisse de vos époux ou de votre famille. Tous les êtres d'un monde forment une même très grande et très belle famille, et lorsque celle-ci est unie par l'amour, alors, tout devient possible.
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