Le contact avec Mars et les autres mondes (2/2)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le contact avec Mars et les autres mondes (2/2)

Message du Guérisseur Lestrys

 

Nous sommes sortis du vaisseau, le soleil luisait, très haut sur l'horizon et il commençait à faire très chaud, surtout pour un Terrien. Les ombres étaient rares. Nous étions perdus en un champ d'arasements et une turbulence se formait au loin et sous nos pieds, attestant de la température brûlante du sol. Un premier groupe fut constitué de Darsimen, Issaltir, Paul, Eratsu et moi-même pendant que les autres se reposeraient.

 

Nous avons repéré quelques traces de reptiles en contrebas d'un pont fracturé. Je m'y engageais résolument, évitant les crevasses et les briques manquantes, Darsimen courut, prenant mon bras, et je me retrouvais aisément de l'autre côté du pont !

 

Il se tourna vers Issaltir, plus confiant, lui enjoignant de sauter. Le grand alien bondit, et parvint de l'autre côté, de même qu'Eratsu. Paul eut plus de peine, il n'avait jamais sauté de si loin !

  • Vous en avez de bonnes vous ! Franchir un vide quatre mètres ! Qui s'y risquerait ?

 

Comprenant sa crainte, Darsimen lui lança une corde avec bonté pour qu'il l'attache à lui. Ainsi rassuré, Paul parvint à sauter, et une onde antigravité très vive le porta de l'autre côté où il atterrit dix mètres plus loin en avant de notre position. En expert, Darsimen le posa en douceur.

  • Êtes vous satisfait de mes facultés ? s'amusa le sage

  • Tout à fait, je n'arrive pas à y croire ! Je suppose que je viens de battre un record olympique ! assura Paul.

 

Chacun de nous eut un large rire heureux. Nous avons cru percevoir un frôlement infime, mais je n'y prêtais pas attention.

 

Nous sommes descendus dans les profondeurs de la cité. Là, s'ouvrait un dédale de galeries et de tunnels, dont la carte minimisait grandement la complexité.

 

Emplis de fascination, Issaltir et Darsimen tombèrent en arrêt face à une stèle colorée garnie de graphies, toute recouverte d'une sorte d'émail. Il étaient plongés dans sa lecture, lorsqu'un bruit de pierres retentit.

  • Il y a quelqu'un, dit aussitôt Eratsu, si sensible à une quelconque présence.

  • Oui, en effet, fit Darsimen et cela est bien. Cette présence ne représente pas un danger. Il s'agit des êtres que nous sommes venus chercher.

 

Je me laissais tomber sur un rocher et pris des notes. Peu à peu, je perçus une petite forme claire. Tapi derrière un rocher, un jeune clone filiforme, d'une maigreur effroyable, fixait notre groupe de ses grands yeux intrigués.

Les miens conversaient avec excitation devant des hiéroglyphes qu'ils ne parvenaient point à traduire. Le si jeune petit alien portait une combinaison spatiale usagée couverte de poussière. Une plaie récente empêchait son bras de se mouvoir normalement.

 

Pensant certainement que notre groupe était inoffensif, il s'en alla, sûrement pour faire son rapport aux autres.

Ma pensée s'évada. D'où venaient ces aliens et qui étaient-ils ? S'agissait-il de naufragés ? Je songeais qu'ils étaient sans doute terrifiés et qu'ils avaient certainement été approchés par des sauriens redoutables, des pirates ou des animaux menaçants.

 

Darsimen sourit de manière énigmatique, se leva et suivit tout naturellement la pente vacillante constellée d'éboulis par laquelle le jeune alien s'était éclipsé. Un gouffre en constituait le prolongement. L'endroit était terriblement escarpé.

 

  • Non mais, on ne va pas descendre par là, quand même ? ronchonna Paul.

  • Si vous ne pouvez point descendre, sautez donc, je vous réceptionnerai, proposa Darsimen avec amusement.

 

Je souris et tendis la main à Paul qui souffrait de vertige. Nous sommes descendus avec prudence, prenant appui sur les plus gros blocs. A un moment, la pente devint pour ainsi dire presque verticale. Paul parut aller un peu mieux, mais face à cet obstacle, il trébucha de tout son long sur la pente, produisant un fracas de rochers, qui résonna longuement. Le vacarme qui en résulta fit fuir de nombreux petits animaux tapis dans les crevasses, il faut dire qu'il aurait suffit à réveiller un dragon endormi. Fort heureusement, Paul n'eut que quelques meurtrissures. Darsimen savait parfaitement stopper une chute.

 

En priant que cela n'eut point révélé notre présence, nous avons encordé Paul pour le faire descendre sans risques. Souffrant de vertige, il dut fermer les yeux. Il se confondit en excuses, mais nous l'avons rassuré, ce genre de choses arrivait.

 

Quatre vingt mètres plus bas, nous avons surpris une étrange lueur bleu vert au fond d'un boyau.

Il s'agissait certainement d'une galerie abritant de l'uranite, du fluor ou du phosphore. Empli de peur, Paul tremblait sur ses jambes. Il n'était pas question d'aller plus loin sans équipement. Darsimen refusa que nous laissions notre compagnon en arrière comme il le proposait. Finalement, Eratsu proposa de rester avec lui, et nous avons pu nous mettre d'accord, car mon ami possédait un paralyseur assez puissant pour repousser un éventuel prédateur.

 

Je descendis donc le boyau vert phosphorescent en compagnie de Darsimen. Nous sommes parvenus à une source et celle-ci se révéla d'une beauté confondante. Un ensemble de chandelles translucides vert pâle, éclatantes de brillance, l'entouraient. Des cristaux encore plus flamboyants complétaient l'ensemble, étagés de manière parfaitement harmonieuse.

 

  • Ceux qui ont détruit ce lieu, ignorent que la nature a fait de leur œuvre une création si parfaite après plusieurs millénaires, philosopha le sage alien.

 

J'étais muet de stupeur, bien sûr, ce lieu était fortement radioactif et après quelques clichés, nous n'avons fait que passer devant cette salle, malgré notre équipement protecteur.

 

Nous sommes ensuite descendus par un gigantesque escalier de pierre, étroit, mais très pentu, et interminable, pendant environ vingt minutes. Le sage Darsimen m'empêcha de tomber plusieurs fois, faisant agir ses facultés. Celles-ci lui permirent de même d'échapper à quelque chute fâcheuse.

 

Il prit ma main et m'invita à ramper en un boyau obscur très étroit. Je m'exécutais avec appréhension, peu enthousiasmé par ce type d'exercice. Nous sommes parvenus à un promontoire rocheux. Sous notre position, à plus de 70 mètres, un spectacle étonnant se révéla. Les lieux étaient brillamment éclairés, par des lampes de l'antique cité. Une compagnie de cinq aliens se tenait là. Il y avait une grande alien singulièrement revêche et un petit alien obstiné, qui se disputaient avec des cris de colère. Une autre grande alien plus timide et plus posée, tenait un petit immature dans ses bras. Le jeune être menu que nous avions entraperçu fixait ses aînés avec désarroi. Ils avaient établi leur refuge dans la carcasse fracassée d'un escorteur, qui avait atterri au fond de ce puits, on ne savait trop comment.

 

La peinture rouge de l'appareil brillait toujours, on devinait quelques sièges, où cette famille pouvait trouver un peu de repos. Nous avons deviné que nous étions le sujet de discorde de ces êtres. Ils se figèrent, sentant notre présence et scrutèrent les alentours avec angoisse, sans parvenir à nous voir. Assez choqués de tout ceci, nous sommes revenus sur nos pas. Il fut épuisant de devoir remonter l'escalier, ponctué de fissures. Nous sommes repassés devant la belle éminence brillante, je remarquais des sortes de phalènes qui resplendissaient du même éclat vert brillant. La vie avait su s'adapter.

 

Nous sommes remontés dans ces galeries, revenant vers Paul et Eratsu. Après une longue marche, il nous fut permis de retrouver la clarté du ciel. Une chaleur très vive régnait. Nous avons réglé nos scaphandres pour nous protéger. En remontant par un escalier de pierre taillé dans des blocs gigantesques, nous avons eu un aperçu des profondeurs de la cité. Celle-ci reposait sous l'eau, la nuit, cette eau gelait en partie, préservant certaines formes de vie de l'ardeur du jour. C'est dire, la solidité de la pierre qui composait cet ensemble millénaire. J'entraperçus des crevettes minuscules, des poissons ressemblant à des anguilles et des amphibiens. Un grand nombre d'algues paraît ce lieu, éclairé de superbes voiles de lumière. C'était un très beau spectacle pour notre petit groupe d'explorateurs.

 

Nous sommes remontés par un autre chemin, prenant notre temps pour ne pas glisser et souhaitant éviter le pont incomplet. A un moment donné, Darsimen se plaça devant un boyau afin de nous en dissimuler le contenu. Je devinais trop bien qu'il abritait les corps des victimes de ce carnage. Les malheureux avaient été irradiés et j'aperçus en effet les momies de deux reptiles serrés l'un près de l'autre. Leurs corps étaient intacts, mais très abîmés par la chaleur qui avait régné là. A présent, ils se désagrégeaient, presque à l'état de squelettes, ce qui signifiait que les habitants pourraient bientôt être enterrés avec respect.

 

Cette vision ne me causa pas trop d'émoi, mais je réalisais que Paul en avait été très affecté. Il était blême et peinait à respirer.

  • Le vrai sage qui avance avec sérénité ne craint pas de voir la mort en face, philosopha Eratsu pour lui redonner courage. Ces pauvres êtres ne vous feront rien, ils ont péri voici plus de dix mille ans ! dit-il en riant

  • Oui, bien dit, ajouta Darsimen. Nos amis de la lumière vont nettoyer cette cité et la rebâtir.

  • La rebâtir ? s'étonna Paul abasourdi. Qui pourrait vouloir souhaiter vivre en un tel lieu où ont péri tant d'êtres ?

  • Vous avez vu la vie de ce lieu, dis-je à mon ami. Vous avez constaté que plusieurs écosystèmes peuplaient ses soubassements. Il en est ainsi parce que la vie aspire à se reconstruire. Concernant cette ville, il est évident que personne ne souhaitera l'habiter dans un premier temps, ce sera un lieu touristique. Mais sitôt qu'elle aura été purifiée par les siècles et réaménagée, tout sera possible.

 

Nous sommes revenus à la surface, marchant avec plus de hâte sous le soleil. Paul remarqua que de la mousse avait colonisé de nombreuses surfaces, et je m'en réjouis pareillement.

 

Après avoir escaladé plusieurs arcades de bâtiments écroulés, le vaisseau fut visible. Nous y sommes entrés avec soulagement. Notre mission était accomplie, nous avions réussi à localiser les rescapés.

 

Lokhaïl fit aussitôt décoller notre engin. Il fusa vers une chaîne de montagnes puis s'engouffra dans un ravin. Un bip résonna et le petit alien émit un couinement que Darsimen traduisit.

 

  • Nous sommes attendus.

 

La paroi de la montagne face à nous était balayée du souffle brûlant du vent, cela soulevait du sable en abondance. Un trou s'ouvrit alors et notre petit vaisseau s'y engouffra.

 

Nous étions parvenus en un vaste boyau superbement éclairé d'or et de rosé. Une autre porte s'ouvrit, nous plongeant en une zone très énergétique. Des rayons de lumière éclatants balayèrent le vaisseau. Chacun de nous descendit. On nous fit entrer en un vestiaire, où l'un après l'autre, nous avons du nous dévêtir complètement pour traverser des éclairages identiques. On nous avait préparé des habits neufs, nos tenues allaient être nettoyées, nous dit-on.

Elles nous protégeaient des rayonnements à haute énergie, pas de la pollution et des bactéries, nous expliqua-t-on par l'esprit.

 

Chacun de nous reparut donc, parfaitement revigoré. Paul avait été soigné. Des hommes et des femmes de lumière nous entourèrent, nous faisant un joyeux accueil.

 

  • Soyez les bienvenus, amis, nous dit un homme blond et grand très mince, au visage empreint de bonté. Nous sommes la délégation de Vénus, je me nomme Ulphéniel. Votre action est très méritoire, il n'est pas facile de se déplacer en ces tunnels.

  • Allez-vous pouvoir secourir les rescapés ? demanda Paul.

  • Non, pas tout de suite. Il faut les mettre en confiance. Nous allons le faire indirectement, en leur déposant des vivres, ensuite, ce sera à vous d'agir. Votre présence en ce lieu révèle un grand courage. Nous sommes en lien avec un peuple qui n'est pas affecté de la radioactivité. Il s'agit de très grands lézards bleus, qui nous ont aidé à dépolluer les zones critiques en bien des lieux de l'univers, dont la surface de la Terre. Ce qui s'est passé, sur Mars, et j'en suis navré, a encore des répercussions. Il y eut autrefois une terrible guerre avec les Reptiliens qui ravagea la surface de la planète. Autrefois, y vivaient des géants, ce sont eux qui ont bâti de tels temples. Ils ont aussi construit bien des édifices sur Terre et sur d'autres planètes. Les pyramides de Mars et de la Terre étaient étroitement connectées. Elles le sont toujours, même si les Terriens ne le réalisent pas, émit-il en riant.

     

Il nous invita à le suivre, nous permettant d'entrer en un lieu qui était proche d'un palais de glace, mais taillé avec de la pierre véritable, habitée d'une lumière colorée qui lui était propre. Il était tant de volutes, de raffinement et de circonvolutions dans la pierre, que cela était à coup sûr l’œuvre d'un génie. Nous sommes entrés en un petit salon douillet, où un repas nous attendait. Près de cette pièce, des aliens luminescents se déplaçaient dans la bibliothèque, ou discutaient à d'autres tables, avec des Vénusiens et des êtres de l'espace, venant de peuples qui nous étaient inconnus. Ce lieu était baigné d'une belle musique, nous nous y sommes sentis tout de suite à notre aise.

 

  • Mars et Vénus sont liées, nous fit notre ami, et la Terre aussi, bien sûr. Ces êtres viennent tous de délégations d'autres planètes et de leurs lunes. Ils sont nos amis de longue date, il nous plaît de leur rendre visite.

     

Nous avons pris là un délicieux repas, Mars et ses mystères attendraient. Je me sentis habité d'un sommeil assez intense. Les enfants vacillaient sur leurs chaises. Ulphéniel nous mena vers un élévateur. Là, tous nos effets avaient été amenés, avec un à propos saisissant. Nous nous sommes étendus en des lits douillets, et nous sommes endormis presque instantanément.

 

J'ai été fort heureux de vous délivrer ce message. Je vous dis à une prochaine fois et vous remercie de votre lecture.

 

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :

 

 

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