Les civilisations stellaires libres 12

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les civilisations stellaires libres 12

Message du Professeur Zolmirel

Ce texte fait partie d'un ensemble qui m'a été donné dans l'ordre et je m'aperçois que celui-ci n'a pas été publié, aussi je m'en excuse. Cela est du à quelques soucis avec mon ordinateur et aussi à un oubli. Ce texte vient à la suite de celui-ci :

 

 

Il est placé juste avant « Le premier vol », c'est un texte important puisque les aliens visitent le vaisseau durant lequel ils vont accomplir leur long périple pour la première fois.

 

 

Erazel ouvrit les bras en un geste infiniment accueillant pour nous inviter tous à monter à bord de la belle nef confortable. Orel et Dorian découvrirent un intérieur bleu pâle et rose pâle douillet au sol blanc gris et aux parois argentées. La nef était bien éclairée de lueurs dorées discrètes, mais sans excès.

 

Le tableau de bord réagit aussitôt lorsque les êtres de lumière le frôlèrent.

- Ce vaisseau est merveilleux ! s’extasia Dorian. Je sens ce qu’il est, il est si sensible, que vous l’avez presque rendu vivant !

- Bien sûr, répondit Erazel. Il en est toujours fait ainsi. Plus un vaisseau est vivant, plus il aspire à accomplir sa mission avec aisance et avec joie. C’est dans la joie que nous allons semer les mondes !

 

Elle s’assied aux commandes et invita mes amis à faire de même. Je pris place près d’eux. Nerti et Zilner s'installèrent près d’Amoni, à côté de la fenêtre. Les enfants avaient les yeux brillants de joie. Ils ne s’attendaient pas à cela !

- Je vous préviens, nous allons juste faire un tour, émit l’ancêtre d’un air amusé

 

Erazel appuya sur différents voyants, le tableau de bord vira en un orange superbe, puis devint tout doré. Un son profond émanait du réacteur en cours de phasage. Des sons complexes résonnèrent en bips légers, aériens, rappelant un peu le gazouillis d’un oiseau. Tout cela était profondément métaphysique et nous comblait de bonheur. Nous sentions le lien parfait qui animait notre sage amie, la reliant entièrement avec le vaisseau.

 

L’éclairage décrut et Erazel effleura le tableau de bord. Ses yeux pâlirent légèrement, elle eut un soupir infiniment paisible.

- Allons-y, dit-elle en un commencement d’extase

Et le voyage, magnifique, débuta. Le vaisseau s’éleva en glissant avec une facilité incroyable.

 

D’ici, le petit Zilner pouvait admirer la jungle dorée qui accueillait les premiers rayons solaires. La belle nef irisée glissait en un élan fluide au dessus des arbres avec une merveilleuse aisance. Malgré le vent assez vif, nul heurt ne vint bousculer notre trajectoire.

 

Orel et Dorian entrèrent dans un silence méditatif heureux, ainsi que chacun de nous. Nous nous sentions parfaitement reliés les uns aux autres, sans le besoin de communiquer.

 

La nef plana au dessus des arbres en une vitesse merveilleuse, très au dessous des performances de l’engin, pour nous laisser à loisir contempler les splendeurs matinales. Nous sommes passés sous la voûte des plus grands arbres, de près de 500 mètres de haut, rien que pour admirer le matin. D’immenses rais de lumière dorée zébraient la canopée, d’une beauté à couper le souffle. Dans cette immensité géante, des groupes d’oiseaux s’envolaient des arbres. Notre sage Erazel, avec sa prescience habituelle, vira et louvoya avec précision pour les contourner. Son aisance était exceptionnelle et nous comblait de bonheur.

 

Les volatiles nombreux qui habitaient les jungles profondes étaient habitués de nos vaisseaux, ils ne les craignaient nullement. Quand par hasard des insectes volaient trop près de nos navires, car bien sûr, nous ne pouvions pas éviter chaque animalcule, les déflecteurs les repoussaient en arrière sans les meurtrir. Il en était fait ainsi, car nous aimions profondément les petits lézards volants et les insectes.

 

Notre trajectoire s’éleva, nous sommes sortis de la jungle et notre pilote experte a accéléré. Les g se sont accumulés sur nous de manière relativement raisonnable. Secoués mais ravis, les enfants fixaient les panaches nuageux rosés qui flottaient autour de nous. De vastes nuages crème nous entouraient. C’était une mer cotonneuse infinie.

 

Le petit Nerti, toujours curieux, avait apporté une cellule photographique. Il prit de nombreux clichés de cette petite escapade.

 

Zilner commentait allègrement notre passage au dessus de chaque lac, de chaque cité, avec une joie sereine.

Notre vol dura environ une heure, puis nous sommes revenus vers le hangar.

 

Erazel dirigea précisément le vaisseau et le posa exactement à son point d’origine.

 

- Merci pour ce très beau tour d’horizon, la complimenta Dorian. Vous habitez un si beau monde !

- Oui, c’est un endroit empli de féerie, assura Orel

- C’était une joie réciproque, exposa Erazel très heureuse. Voulez-vous examiner la machinerie de cet astronef ?

- Parce que nous le pouvons ?!! s’extasia Orel

- Évidemment ! Il faut garder le meilleur pour la fin ! assura l’ancêtre. Où serait la joie de piloter si l’on ne peut même pas faire un peu de mécanique ?

 

Et Erazel sortit du vaisseau pour ouvrir une trappe. On ne vit rien de particulier à part un vaste bulbe entouré d’une fente circulaire.

 

- Voici la turbine principale, dit-elle. En réalité, notre nef est un aérostat. Cette partie génère un phénomène d’aspiration, de portance. Mais nous l’utilisons peu. Le générateur magnétique est suffisant pour engendrer la portance.

 

Elle remonta comme une flèche dans la salle principale et ouvrit un compartiment donnant sur la soute. Là, se tenait un vaste dôme électrogravitationnel avec un disque noir impressionnant.

- C’est un aimant géant qui tourne très vite, en gros, exposa t-elle. Nous avons aussi optimisé ses propriétés naturelles. Il n’est pas constitué de ferrite pure, afin d’induire des phénomènes de couplage et de découplage spatio-temporels. Nous y avons adjoint une matrice cristalline et une source plasmatique entoure l’ensemble.

 

En effet, une matière semi-transparente, qui semblait irisée et pour ainsi dire vivante, entourait la forme sombre de l’aimant. La matière était à la fois gazeuse, liquide et lumineuse.

Des circuits complexes reliaient l’ensemble à une tubulure de plasma. Un cristal géant près de cet ensemble générait une forte induction dans ce dispositif. Le cristal, qui était absolument conscient, expliqua Erazel, possédait toujours sa gangue rocheuse. Il était respecté comme un être vivant et c’était lui qui donnait sa conscience, son caractère, au vaisseau. Il « l’habitait ». Le cristal était chargé au moyen d’un gros réacteur à fusion lente.

 

- C’est un vaisseau autogène, précisa Erazel. La coque se régénère d’elle-même en cas d’impact. Il faut parfois rajouter un peu de substance dans la cuve du réacteur après un long voyage. Mais cela est aisé à accomplir. Notre réacteur émet des ions d’hélium et des photons. Rien de dangereux pour les nôtres. Nous disposons pour ce faire des plus grands spécialistes, exposa t-elle avec un large sourire en montrant trois petits mécaniciens Ilstirr.

 

Orel et Dorian saluèrent et félicitèrent les trois jeunes êtres très émus. Notre petit groupe sortit peu après du grand hangar. Nous avons été conviés, avec Erazel à visiter la grande esplanade comportant l’aire d’envol principal. Un peu à l’écart, se trouvait un petit parc garni d’épaves en cours de réfection. Notre amie fit agir son fluide pour déplacer des tables accueillantes en quelques secondes. Un buffet délicieux apparut mystérieusement. Tous les pilotes et techniciens présents à ce niveau furent conviés à nous rejoindre. Je songeais à la nouvelle aventure stellaire qui nous attendait.

 

Une voix très avisée interrompit le fil de mes pensées.

- Alors, tu pars donc ? demanda le sage d’un air guilleret

Mon grand-père, Oralecto, se tenait devant moi. Il me fit un clin d’œil et je l’embrassais. J’étais toujours très heureux de le voir. Nul signe de l’âge ne venait altérer sa joie de vivre, sa bonté et son aisance pour partager ce qu’il avait découvert aux plus jeunes.

- Comment s’est passé ce vol ? s’enquit-il

- C’était un enchantement, nous avons effectué un plongeon au cœur de la jungle ! Je n’avais jamais croisé si bas à bord d’un tel engin. Erazel est d’une telle habileté !

- Chaque mission est toujours précédée d’un vol inaugural. C’est une chose qui génère d’heureux présages de réussite pour le grand voyage, philosopha mon ancêtre. Erazel est une sacrée farceuse, mais elle a du cran ! s’amusa t-il en montrant l’ancienne.

 

Celle-ci était grimpée sur la voilure d’un antique vaisseau rouillé pour énumérer les propriétés de ses réacteurs avec une joie prodigieuse.

 

- Son intérêt pour ces machineries antiques m’a toujours bien fait rire. D’autres qu’elles se seraient empressés de faire recycler ces épaves, mais elle a su les analyser, exposa Oralecto. Le fait d’en déterminer les composants a permis d’optimiser de nombreux dispositifs sur nos transports actuels. Les êtres qui sont capables d’exhumer les trésors cachés de nos anciennes technologies, surtout ce qui ne paraît pas au premier regard, comptent parmi les plus grands esprits, philosopha mon grand-père. Je suis ravi de songer que tu aies pu les approcher toi aussi !

 

Cette fois, il fixait Orel et Dorian. Il me fit un signe joyeux de la main et disparut en peu de secondes.

Je restais pensif un long moment, vraiment bouleversé de cette aisance à passer d’un endroit à l’autre. C’était la première fois que je voyais mon grand-père agir ainsi, j’en étais fort troublé. Chez nous, seuls les plus grands peuvent se dématérialiser ainsi.

 

- Je vous trouve là bien songeur, ami, s’étonna Dorian, en constatant mon regard muet de ravissement.

- Je ne l’ai jamais vu disparaître devant mes yeux… je me doutais un peu qu’il en faisait parfois ainsi, mais pas aussi vite, expliquais-je

- Une manière bien à lui de vous dire au revoir, de vous dire aussi qu’il ne vous quitte pas des yeux, assura Dorian. Pour le vrai sage, le temps et l’espace n’existent pas, ils ne font plus qu’un. C’est son esprit qui détermine le temps, pas l’inverse. Et nul événement n’a plus de prise sur lui. Son esprit induit les événements désormais.

 

Je souris à mon nouvel ami. Nous étions parés.

Demain soir ! Nous partirions demain soir. Nous sommes retournés en nos appartements, car nous avions encore bien des préparatifs à accomplir, Amoni et moi.

 

Erazel nous rejoignit un peu plus tard aux laboratoires. L’aide de Nerti et Zilner avait été précieuse, ils avaient emballé pour nous tous les échantillons de vie à venir que nous devions semer sur les nouveaux mondes, soit plusieurs milliers de jeunes plantules.

 

Lorsqu’Erazel parut dans le laboratoire, sur une vaste plate forme à répulsion, elle nous félicita en avisant les deux imposants chargements d’échantillons et d’instruments. Elle projeta quelques ondes antigravité. Les deux empilements de caisses de plus d’un mètre de large et trois mètres de haut flottèrent docilement jusqu’à la plate forme et se posèrent sans bruit.

 

- Nous espacerons ces plantules après la phase de décollage, prévint Erazel. Les végétaux n’aiment pas pousser les uns au dessus des autres. Il leur faut de l’air pour bien respirer. J’ai apprêté la salle de duplication de semis pour qu’ils s’y trouvent le plus à l’aise possible.

 

Je souris à notre ancienne. Les biologistes avaient travaillé de longues années durant pour connaître le meilleur moyen d’implanter des végétaux sur les autres planètes. Nous étions parvenus en nos serres à faire croître des végétaux en parfaite santé. Hélas, les plantes adultes résistaient mal lors des phases d’accélération. Leurs feuilles se détachaient, leurs tiges se brisaient. Les plus petites plantes, par contre, encore dans la terre et n’ayant pas encore de développement aérien étaient peu impactées par les décollages. C’était ce type de plante que nous emmenions avec nous lors des semis.

 

Il eut été plus simple de semer des plantes dans l’espace, à bord de nos vaisseaux, mais hélas, il s’agissait d’une opération impossible pour les nôtres. Les plantes qui grandissaient dans l’espace ne possédaient pas la même robustesse. Lors de la rentrée en orbite, près de la planète d’accueil, les conteneurs étaient remplis d’un gel spécial qui entourait de manière hermétique chaque jeune plante, pour la protéger de la rétrocession. Ce gel possédait des propriétés identiques à l’air le plus pur et maintenait chaque feuillage en place. La substance qui en serait la plus proche est ce gel translucide qui émane de certaines algues, que vous nommez le mucilage.

 

Oui, ainsi, nos plantes étaient bien protégées.

Nous sommes sortis du laboratoire, follement excités, et le soir venu, nous avons apprêté nos bagages, certains que cette aventure ne serait pas vraiment comme les autres.

 

A la nuit tombée, sur la terrasse, nous nous sommes réunis pour regarder les étoiles, ce qui était tout indiqué. Amoni mangeait une petite collation garnie d’aromates, le petit Nerti observait le ciel avec son télescope. On y voyait bien moins de vaisseaux-lumière que d’ordinaire. J’étais pour ma part en plein examen de différentes cartes interstellaires avec Dorian. Mon ami lumineux remarqua bientôt que le jeune Zilner semblait assez inquiet. Il l’invita à prendre place à ses côtés, sans mot dire. Le fait de nous trouver un peu à l’écart permit au petit alien d’avouer ses craintes.

 

- Tu n’as pas peur d’aller dans l’espace ? murmura le jeune Zilner après un moment

- Bien sûr que non, là est notre place, nous sommes appelés à un très grand rôle. Le fait de répandre la vie est une action très noble. Nous sommes protégés par des puissances infiniment grandes et tu l’es aussi bien sûr, exposa Dorian avec chaleur

- Pour moi, cela ne s’est pas vraiment bien passé la dernière fois, gémit le petit alien

- Oui, je sais, je le vois bien, émit Dorian avec une immense compassion. Mais cette fois, ce sera différent. Tu veux bien simplement croire que cela est possible ? Qu’un voyage heureux est possible ? Que ton père et nous tous, nous allons veiller sur toi ?

Zilner cligna de ses grands yeux noirs brillants habités d’une lueur d’espoir hésitante.

Alors, Dorian fit une chose étonnante, il posa ses mains illuminées sur ses tempes. Le petit Zilner eut l’air stupéfait, d’abord, il ne se passa rien, puis il devint complètement inerte. Ses yeux se fermèrent. Dorian le garda serré près de lui.

 

Je ne soufflais mot, mais j’étais fort impressionné. De toute évidence, mon grand ami avait tenté de guérir l’esprit bien troublé de notre plus jeune petit compagnon. Mais Amoni allait-il apprécier une telle intervention ?

 

Occupé à dîner, Amoni ne remarqua rien d’anormal. Il vint auprès de Dorian et prit le petit Zilner dans ses bras pour aller le mettre au lit. Le sage parut comblé en constatant que les rêves les plus doux s’échappaient de son esprit. Le jeune Nerti, de même était inhabituellement somnolent, il s’endormit aussitôt.

Le grand Kolal bien surpris revient quelques minutes plus tard.

 

- Vraiment, je suis plus que soulagé de constater que votre action est si positive sur mes enfants. Mon plus jeune fils ne cesse de s’effrayer de tout, tandis que le plus grand ne tient pas en place ! Que voilà un petit alien impossible à tenir ! Je songeais bien que ce soir il ne voudrait pas s’endormir et grâce à vous, ils sont parfaitement sereins tous les deux, s’extasia Amoni

 

- Soyez apaisé, répondit Dorian avec bonté. Nous veillerons avec soin sur vos deux jeunes explorateurs. Vous verrez que tout se passera très bien. Nous savons combien vous tenez à eux. C’est tout à votre honneur de prendre soin de si jeunes êtres !

- C’est vrai, j’en suis sûr, expliquais-je à mon ami. J’ai moi aussi été un petit alien singulièrement remuant ! avouais-je

- Il se trouve, avoua Amoni, que Nerti s’en veut de n’avoir pu empêcher le crash de leur vaisseau, à son frère et à lui, voici longtemps. Ils sont encore très jeunes et ce souvenir les hante. Tous deux travaillaient à des tâches de biologie cellulaire et de maintenance technique. Ils n’ont pas eu d’enfance véritable. Il me faut vous exposer que ces enfants, en vérité ne font pas partie de notre peuple, de notre planète. Ils ressemblent à de vrais Ilstirr, mais n’en sont pas…

 

- Je m’en doutais bien, peu importe d’où ils viennent. Ils sont de très agréables membres de notre famille maintenant, et chez eux quoi qu’il advienne, dis-je à mon sage compagnon

 

Amoni eut un large sourire rayonnant, tout heureux de ces paroles. Sur la belle voûte étoilée, une étoile scintilla fugacement, comme semblant nous faire un petit signe. Nous étions certains que le lendemain nous réserverait de belles surprises,

 

J’ai été comblé de faire ce joyeux récit, chers habitants de ce monde et je vous souhaite de vivre de bien belles choses à vous aussi,

 

Le professeur Zolmirel,

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :

 

Les civilisations stellaires libres 12

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