Le premier vol 3
Un autre message de votre ami, le professeur Zolmirel,
Quelle joie de parler de nouveau !
J’en étais resté la dernière fois à notre départ agréablement mouvementé de mon monde !
Oui, cette expédition première promettait d’être riche en péripéties. Nous étions accompagnés d’Orel et Dorian, mon ami, le sage Amoni, les deux petits aliens adorables, Nerti et Zilner, ainsi bien sûr qu’Erazel, notre sage ancienne, qui veillait toute notre expédition.
Notre ancienne s’est éveillée un peu après la fin du jour spatial. Il vous faut savoir, chers amis, que dans le supra, il n’est point de temps, aussi, utilisons-nous des ordinateurs, des chronographes, que nous consultons rarement, préférant nous fier à nos sens d’aliens.
Nous ne prévoyons absolument rien lors d’une mission spatiale, à part les semis d’échantillons, le test du matériel, bien sûr, et les différents scénarios d’impact, lors desquels chacun à son rôle à jouer.
Les impacts sont très rares, car nos anciens sont là pour faire jouer le tangage du vaisseau en temps et en heure. Ce sont d’immense prescients et ils maîtrisent le roulis et le lacet, directement par leur esprit. Erazel est ainsi, bien sûr, et elle s’est aussitôt approchée des cartes stellaires après son long sommeil pour effectuer des projections.
Ces cartes montraient les zones par lesquelles nous devions transiter, soit un grand nombre de tunnels interstellaires inconnus. Ce chemin est encodé directement dans la mémoire de l’ordinateur de transit intersidéral du vaisseau.
Dorian et Orel, occupés à méditer, ont aperçu Erazel qui marmonnait devant ses cartes et ne l’ont troublée aucunement. J’étais pour ma part extrêmement fasciné.
Après un petit tour par la salle de bains du vaisseau, je m’habillais et m’affairais à préparer le repas de la journée. Je me rendis aux serres pour cueillir des fruits, des mousses et d’autres plantes. Le bac à champignons n’avait pas encore maturé. Toutes les plantes allaient aussi bien que faire se peut. Leurs fruits étaient encore petits, et je me rappelais que les enfants en avaient ôté la plupart avant le décollage pour préserver les ramilles.
Dorian me rejoignit en cuisine, tout souriant et vêtu de son magnifique manteau bleu roi brodé de lignes roses et vertes.
- Comment trouvez-vous notre voyage, ami ? s’enquit-il en éclatant de rire
Je ne pus répondre tant j’étais heureux de le voir et en vérité comblé de naviguer dans l’espace.
Dorian le comprit très bien, et il serra mes mains avec affection. Le fluide des êtres de Lumière est si puissant que l’on a l’impression d’être aussitôt entouré d’une voile d’amour tiède, immensément rassurant.
Nous avons préparé le repas de la journée, laquelle serait consacrée à un inventaire précis de tout le vaisseau, de l’état de nos réserves d’air et d’eau, et bien sûr de travaux de laboratoire. Les réserves sont autogènes, mais nous devons nous assurer que tout fonctionne à la perfection.
Le petit Zilner parut, à demi ensommeillé et un peu tremblant. Il fixait les baies vitrées occultées du vaisseau avec quelque effroi.
Dorian s’assied et le fit asseoir près de lui. Il examina son bras, l’épanchement s’était parfaitement cicatrisé. Mais le petit alien éprouvait encore de la peur. Dorian le rassura de son mieux, lui exposant qu’Erazel était justement en train de s’absorber dans le calcul de notre trajectoire.
- La trajectoire trouvée par Erazel est parfaite, dit-il. Nous devrions bientôt rencontrer un astéroïde particulièrement intéressant. Il est en partie habité, mais nous serons discrets.
A moins que…
- A moins que ? s’étonna le petit alien avec candeur
- Le grand conseil recommande la prudence et la discrétion lors d’un contact éventuel. Le contact n’est établi que si toutes les intentions sont clairement visibles, exposais-je. Mais il se peut aussi que certaines cités stellaires aient besoin d’aide. Nous sommes tout prêts à leur apporter.
Zilner eut l’air un peu surpris, mais Dorian le berçait près de lui, et il s’apaisa comme les fois précédentes. Notre grand ami avait vraiment une action merveilleuse sur les enfants.
Erazel qui avait achevé ses projections vint nous rejoindre, le visage radieux.
- Quel plaisir de vous voir tous ! dit-elle en prenant place. Toutes les projections sont fastes, j’ai effectué quelques corrections mineures. Cela va être passionnant ! J’ai tellement hâte de voir notre première destination.
Nous avons tous mangé avec allégresse. Cet instant fut vraiment merveilleux.
Après, comme il en était convenu, les enfants suivirent Amoni jusqu’à la serre. Nous avons de notre côté inspecté les différents dispositifs autogènes du vaisseau.
Ensuite, nous avons examiné des échantillons de pollens au microscope. Les mondes sur lesquels nous allions atterrir ne comportaient sûrement pas encore d’insectes. Aussi des plantes pionnières devaient êtres amenées en ces lieux.
Ces plantes devaient participer activement à la constitution d’un sol fertile. Le pollen, lui allait être déversé sur l’astéroïde, si jamais par chance nous trouvions un peu de vie. Il existe parfois un peu de vie dans la glace, des sortes de collemboles, des invertébrés, mais nous répandons surtout des algues glaciaires, des lichens, des formes de vie biominérales.
Orel était absorbé par une conversation passionnante sur les réacteurs à hydrogène avec Erazel et ils inspectaient pendant ce temps les différents dispositifs énergétiques du vaisseau.
Donc, notre journée fut pleinement heureuse. Plongé dans ma lecture, j’aidais les autres à préparer les repas ou nettoyer les coursives lorsque cela était nécessaire. Autrement, je rejoignais Amoni dans la grande serre pour jouer avec les enfants. Que de rires avions-nous !
Il vous faut imaginer que notre vaisseau était assez vaste, de 40 mètres de diamètre environ, et que l’intérieur était pleinement accueillant. Les parois, le sol, étaient polis et brillaient doucement. Les murs étaient parés de décorations florales, de portraits, d’éclairages colorés mouvants.
Rien à voir, pardonnez-moi, avec les fouillis de tubes et de câbles électriques disposés un peu partout sur les équipements de votre monde. Cela est de toutes manières bien trop dangereux et ne passerait aucun test de sécurité.
Une journée a passé, et le lendemain, nous étions tous prêts pour la manœuvre de rétrocession. C’était un moment bien critique, car évidemment, cela donne souvent des malaises.
Erazel a distribué des boissons apaisantes à chacun et a expliqué aux enfants ce qu’il adviendrait.
- Nous allons sortir du couloir interstellaire, dit-elle, et alors, la poussée va s’inverser. Le cristal va rompre sa réaction de déphasage et se rephaser avec le magnétisme ambiant. Il va en résulter un écrasement, une pression très vive, au niveau surtout de nos pieds. Cela ne durera pas trop longtemps.
Orel et Dorian se regardèrent et Orel proposa une idée nouvelle.
- Nous permettez-vous d’intervenir ? demanda t-il. Cette manœuvre d’écrasement de pieds me semble peu confortable. Il y a moyen d’arranger cela. Nous sommes habitués de cette action sur les esquifs tels que les vôtres, exposa t-il avec un sourire
- C’est entendu, votre aide sera très bienvenue mes amis, assura l’ancêtre
Nous nous sommes installés et la manœuvre commença. Erazel agit sur le tableau de bord de ses mains sensibles. Elle émit également une sorte de chant télépathique très pur. Je me mis à verser des larmes, bouleversé. Le cristal réagit aussitôt, passant au rouge, puis au mauve et enfin au bleu vif.
Les enfants et nous-mêmes étions rudement secoués. Mais Orel et Dorian ne présentaient aucun signe d’affectation. Ils se regardaient posément et intensément.
La nef a un peu rebondi contre les courants stellaires, puis nous sommes entrés dans plusieurs passages dimensionnels. Je ressentis des spasmes et une légère nausée, bien inférieure à tous mes autres voyages. La nef ne vibrait presque plus et s’est stabilisée inexplicablement.
Erazel a fait un clin d’œil à nos amis si habiles navigateurs et a ouvert les volets masquant les fenêtres. Nous sommes restés muets de ravissement.
Des milliers d’étoiles étaient visibles en un panache glorieux. Une zone de gaz stellaire colorée de bleu et de rose était présente, une féerie sans nom.
Loin devant nous, un petit astéroïde apparut sur le scan, nous l’avions baptisé Umarkaddel, du nom d’un sommet de notre monde. La zone blanche et claire visible sur le rebord du cratère se nommait Palizzu, c’était là que nous devions poser notre nef.
Pour l’instant, l’astéroïde n’était qu’un point microscopique sur la baie vitrée. Seuls les instruments le détectaient.
Les enfants, après notre manœuvre, étaient un peu égarés et je leur ai distribué des boissons énergisantes, ainsi qu’à tout le monde, bien sûr.
Nous nous sommes placés en orbite autour d’un petit monde rocheux, d’environ 20 kilomètres de diamètre. Les enfants se sont occupés des relevés de cartographie stellaire. Ensuite, nous avons pris du repos et avons médité.
L’intrépide petit Nerti s’est levé bien avant tout le monde, il ne pouvait détacher les yeux du superbe corps rocheux peuplé de cratères que nous avions devant nous.
- Pourquoi n’allons-nous pas voir celui-là ? demanda t-il à Dorian
- A ton avis ? s’enquit l’homme de lumière
- Il ne comporte pas d’échantillons de vie, c’est cela ?
- Oui, entre autres.
- Nous pourrions juste aller le survoler, par curiosité, émit le petit alien, les yeux brillants. Il y a peut-être des grottes … Juste là, dit-il en désignant un point où la glace avait érodé le roc. Comme il est vide, nous pourrions prendre notre temps pour chercher des extrêmophiles…
Dorian ne dit mot, il se tourna vers Erazel subtilement.
Nerti comprit, il approcha de l’ancêtre et exposa sa demande.
- Bien, dit-elle. Peut-on imaginer un enfant aussi curieux que toi ? Non, je ne crois pas que cela existe à plusieurs univers à la ronde !!!
Chacun rit longuement, le jeune alien tout excité ne pouvant détacher son regard du monde en dormance.
Comment décrire la beauté de cette approche ?
L’astéroïde brillait doucement, des reflets irisés et moirés couraient sur la glace et une brume légère émanait de la surface. Des montagnes sombres, acérées aux formes étrangement arrondies parfois se dressaient.
- C’est une ancienne coulée de lave, précisa Erazel face à une zone tourbillonnante
- D’où viennent les astéroïdes ? Qui les a habités ? Pourquoi ne les couvre t-on pas de semis eux aussi ? demanda Nerti avec intensité
- Cher petit, les astéroïdes sont d’anciens mondes en rotation qui ont été brisés, soit par un rayonnement énergétique, soir par un choc cosmique. Ils ne sont pas peuplés parce qu’ils n’ont pas achevé leur rotation, ils sont non sphériques et non constitués. Il faut attendre qu’ils accueillent plus de poudre spatiale, de débris pour y édifier un monde. Nous ne peuplons que les planètes et leurs filles, les satellites de forme sphérique, pourvus en atmosphère. Cet astéroïde est encore trop jeune pour être peuplé. Il peut uniquement servir de hangar à vaisseaux, où de base stellaire souterraine.
- Ou de mine soupira Zilner, tout admiratif de la beauté de ce lieu.
- Oui, les mineurs peuvent y venir. Les astéroïdes sont libres de droits. Voilà pourquoi nous les visitons. Nous prélevons la vie qui s’y est implantée pour la préserver, exposa Erazel, avec le plus grand sérieux. Il y existe peu de vie, mais c’est toujours une vie exceptionnelle.
Notre vaisseau frôlait maintenant la surface toute argentée et notre ancienne passa au dessus de la vaste plaine de glace, un spectacle d’une infinie beauté. La nef s’approcha d’une petite grotte ménagée dans la paroi, on ne voyait absolument rien à l’intérieur de cet endroit sombre.
- Peux-tu t’approcher ? demanda Nerti, et l’éclairer ?
- Non, mon enfant, fit l’ancêtre avec quelque embarras en blêmissant
- Posons-nous alors, et allons voir… ! proposa Nerti
- Impossible, il n’est nul endroit où poser le vaisseau près de cette grotte. Vois toute cette glace, exposa Erazel en faisant vivement demi-tour
- Mais… pourquoi… ? La glace n’est pas un problème pour les vaisseaux… s’étonna Nerti
- Cher petit cœur, ce n’est pas la glace le problème…éluda Erazel, qui avait perçu un très grand danger
Nerti voulut protester, mais Amoni lui jeta un regard entendu et le berça pour le réconforter.
- Souviens-toi de ce dont nous avons parlé avant ce voyage… dit-il avec sagesse
Nerti se tut aussitôt et se blottit près de son père en étouffant un sanglot.
Erazel était très pâle, ce fut Orel qui pilota notre vaisseau. J’allais m’entretenir avec elle, un peu inquiet de ce qu’elle avait ressenti en ce lieu et de ce que moi j’avais également ressenti.
Je m’approchais lentement alors qu’elle mangeait un peu de cake aux aromates pour se remettre.
- De la vie inverse ? demandais-je avec crainte
- Oui, fit l’ancêtre, et pas la plus amicale, j’en ai peur… Nous allons signaler cela à la base des opérations stellaires de décontamination.
Erazel ne dit mot et m’étreignit. La vie inverse animale ou végétale n’était point évoquée durant les voyages, car cela perturbait grandement les navigateurs. Je sentis en peu de temps l’immense énergie de notre ancêtre m’investir et chasser toute crainte.
Dorian surgit aussitôt.
- Cela n’est pas un problème… pour nous, exposa t-il avec un large sourire. Cette vie sera transmutée par nos équipes, durant la nuit. Ces pauvres animaux ont eu bien peu de lumière pour se développer, bien peu d’amour, nous allons remédier à cela.
Il sourit largement et serra très fort nos mains.
Une vague d’amour infini chassa aussitôt tout effroi de notre cœur. Nous nous sommes sentis ragaillardis et tout notre courage nous est revenu.
- Avec de la chance, vous pourrez y assister, assura t-il
Chacun revêtit ensuite une tenue d’exploration, pour nous protéger du froid de l’espace.
Nous sommes revenus à la cabine de pilotage. Dorian a pris le siège du pilote, Orel se levant pour s’installer à la place du copilote.
- C’est toujours lui qui veut piloter, s’écria Orel. Il ne me laisse jamais m’amuser ! dit-il en riant
- Cela est bien normal, je suis le plus âgé, le plus calme aussi de nous deux. C’est toi le petit jeune ! répliqua Dorian en s’esclaffant
- Peut-être as-tu oublié cette manœuvre de diversion lorsque des pirates nous ont poursuivis la dernière fois ? répondit Orel en désignant un livret rempli de cartes stellaires et d’inscriptions
- C’est vrai, tu es excellent en cartes, en stratégies, émit Dorian avec joie. Nous allons arriver mes amis, a-t-il annoncé.
Notre destination approchait, un petit corps pâle se mit à grandir par la baie.
Chacun a retenu son souffle, l’astéroïde brillait face à nous, nous ressentions un attrait très vif, ce site nous aspirait vers lui, comme les corps stellaires savent si bien le faire. Dorian négocia la trajectoire à la perfection et la nef rebondit à peine contre la légère atmosphère.
- De l’atmosphère émit-il, mais juste pour un alien. Par contre, ce n’est pas recommandé pour le tourisme de plage ! Environ – 100 degrés en ce lieu. Idéal pour conserver longtemps des échantillons …
- C’est bien ce que nous sommes venus chercher, émit Erazel, le regard brillant
La surface glacée à grandi, nous avons franchi une crête montagneuse et une ville stellaire s’est révélée devant nous en un magnifique spectacle. Des tourelles coiffées d’antennes et de détecteurs étaient présentes, avec en dessous, une installation à énergie, un concentrateur de lumière. Ce type d’installation permet de transformer l’éclat des étoiles, même le plus faible, en énergie, elle comporte de gigantesques miroirs paraboliques.
Nous nous sommes éloignés de la cité, bien que notre vol eût lieu aux petites heures, pour les habitants de ce petit monde, comme nous le faisons d’ordinaire.
Le vaisseau émit un bip, il approchait du sol, et tentait de sonder la surface de l’astre.
Dorian est entré en une zone de collines poudreuses, toutes parsemées de givre et de cristaux de glace.
- Juste là ? proposa t-il à Erazel
- Oui, excellente projection, ils sont là et nous attendent.
La nef se posa avec la légèreté d’un papillon arrivant sur une fleur. Un paysage intégralement blanc avec de hautes montagnes sombres parées de glaciers nous environnait. C’était vertigineux.
Je serrais très fort mon casque contre moi. Les enfants aussi auraient le droit de sortir, mais nous avions peu de temps, c’était certain.
- Nous allons être détectés bientôt, expliqua Erazel à tout le monde. Donc, nous restons à proximité de la nef. Si quoi que ce soit se produit vous nous prévenez immédiatement. Je vous dirai quand revenir.
- Nous allons rester ensemble, on ne se sépare pas, d’accord ? exposa Dorian. L’atmosphère est trop froide pour que nous puissions la respirer directement. Les combinaisons vont réchauffer l’air, elles ne sont pas pressurisées.
Chacun sourit et s’avança le cœur battant vers le sas. Dorian et Amoni serraient chacun la main des enfants. Mon pic à glace était prêt, ainsi que les seaux spéciaux servant à récolter les échantillons. La porte derrière nous se ferma, l’atmosphère reflua, et enfin, le sas s’ouvrit.
Un éclat éblouissant nous surprit d’abord. Il faisait bien clair en ce lieu. Nous nous étions posés en un vaste plateau de glace, avec autour de nous les parois effilées d’un cratère héroïque, qui jaillissaient vers le ciel en arêtes presque verticales. Ce spectacle était confondant et les glaces qui paraient les sommets, les transformaient en œuvres d’art intemporelles.
Les protections ultraviolettes intégrées à nos casques teintaient la lumière blanche d’un éclat légèrement jaune. Et c’est ainsi que m’apparaissait l'horizon.
Nous nous sommes avancés et avons pris notre premier souffle craintivement. L’atmosphère était fine mais sans danger pour nous. Je fixais nos amis êtres de lumière, dont les visages étaient entourés de globes agréables qui s’intégraient harmonieusement à leurs combinaisons spatiales.
Erazel nous avait recommandé de ne pas nous éloigner et nous avait indiqué par l’esprit plusieurs crevasses. Je la fixais par le vitrage de l’astronef où elle était entourée de la lueur dorée de notre intérieur brillant et lui fis signe que tout allait bien.
Je marchais dans la neige, ébloui et heureux. Mes pieds s’enfonçaient agréablement dans le sol poudreux. A intervalles réguliers, nous croisions des petits cristaux de glace de la taille d’une main, parés de formes rayonnantes superbes. C’était Zilner qui était chargé de les photographier. Nous prenions garde de marcher en les évitant pour n’en abîmer aucun.
Le sage Amoni se dirigea au creux d’un petit monticule de glace, tenant la main du frêle Zilner, absolument bouleversé de la vision de ce monde. Le jeune alien tremblait quelque peu.
- Excellent, fit Erazel par la pensée. Par là…
Nous avons creusé la glace, tous ensemble, il y en avait beaucoup. Amoni aidait Nerti à manœuvrer une carotteuse. Nous avons prélevé cinq échantillons en ce lieu et trois autres un peu plus haut. Ceci fait, nous avons rebouché les trous afin de protéger la vie en dormance de ce monde. Orel et Dorian agirent pour remettre en place les blocs de glace avec le plus grand soin. Ensuite, nous avons émis une prière, pour remercier les puissances de ce lieu.
Mes mouvements étaient aisés, mais ce monde était froid, très froid. Les enfants gambadaient en prenant des clichés. Toujours aventureux, Nerti s’approcha au ras d’une vaste falaise.
- C’est une crevasse, fit Dorian
- Qu’y a-t-il en bas ? demanda le petit alien en tentant de scruter les parois bleutées.
- De la vie, certainement. Je vais appeler les autres.
Chacun se regroupa et il fut décidé que Dorian et Nerti descendraient prendre des échantillons. Cette crevasse était saine et ne comportait nul danger, d’après nos projections.
Nous avions parfaitement foi en nos amis. Dorian saisit le petit alien et sauta simplement dans le gouffre. Leur chute fut agréablement ralentie et ils se posèrent à sept mètres de profondeur.
La lueur de Dorian éclairait toute la glace, Nerti restait sagement près de lui.
Il désigna une fissure avec des eaux de ruissellement qui avaient gelé plus récemment.
- Creusons ici, dit-il au petit alien
L’intrépide petit Nerti prit la carotteuse, mais Dorian préféra faire agir son fluide pour manœuvrer l’instrument. Il restait peu de temps en vérité.
Nerti, très ému, ôta l’échantillon de glace et le rangea dans le seau réfrigéré, avec un sourire extatique.
A peine quelques secondes plus tard, Erazel nous appelait chacun par l’esprit.
- Retour, dit-elle, nous avons juste un quart d’heure pour être partis
Dorian saisit promptement la carotteuse. Nerti lui jeta un regard attristé.
- Nous devons partir, expliqua t-il, mais nous irons visiter d’autres lieux comme celui-ci, tu verras.
Il souleva le petit alien, qui serrait bien fort contre lui les précieux échantillons de glace et ils jaillirent hors de la crevasse.
Je fis agir mon fluide à mon tour, puis m’élevais aisément pour regagner le vaisseau. Amoni, portant le petit Zilner, fit de même. Orel se chargea de notre récolte et tous nous sommes revenus à bord en un rien de temps.
Le sas s’abaissa, et la chaleur douillette du vaisseau nous entoura. Chacun a retiré son scaphandre. Nous étions ravis, mais un peu frustrés par cette brève petite excursion. Nous avions envie d’y retourner évidemment !
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