Les civilisations stellaires libres (8/10)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les civilisations stellaires libres (8/10)

Les premiers peuplements sur mon monde - La Quête des Anciens

 

Un autre message, mes amis,

 

Je suis le professeur Zolmirel et je me tiens devant vous.

 

Quelle chaleur mes amis sur votre monde, cela ne prévient pas ! Voici un nouveau texte, en vérité, la suite de ma rencontre merveilleuse avec mon sage ami Dorian.

 

Nous étions bien insouciants en cette époque de grandes aventures.

 

Dorian venait de me quitter en me laissant à demi-étourdi sur la prairie, auprès de mon marais familier où je menais de riches recherches archéologiques.

 

Ce fut mon petit Nerti qui me trouva tout secoué et s’en étonna.

 

  • Tu as encore été parler aux Êtres de Lumière… Cela était comment ? demanda le petit alien joyeux
  • C’était... purement et simplement fantastique, mais ne m’en demande pas trop pour l’instant, je suis encore sous le choc. Par rapport à nous, ils sont tellement… énergétiques.

 

Nerti prit ma main et me mena gentiment auprès de notre tour, où nous avions une habitation confortable. Je saluais mes compagnons et gagnais mon lit, absolument épuisé.

 

Il en alla ainsi durant des jours et des jours, j’allais rendre visite à Dorian, le soir, et à chaque fois, me couchais bien tard. Inexplicablement je me retrouvais parfaitement reposé le lendemain, malgré cette diminution drastique de mes heures de sommeil. Oui, tout cela était très agréable et parfaitement attendu des nôtres.

 

Les projections des anciens avaient permis de débuter une heureuse conversation télépathique avec les êtres de Lumière. Des informateurs vinrent, car la première rencontre publique devait se faire en direct dans une grande clairière. Les anciens, en vérité, avaient déjà conversé à maintes et maintes reprises avec nos visiteurs, qu’ils commençaient à bien connaître. Des représentants Galmols, Ilstirr et Kolals étaient là. Chacun de ces êtres était très ému d’être ainsi filmé.

 

D’autres représentants et un public immense se tenaient à l’écart, placés auprès de grands écrans qui avaient été dressés un peu partout pour l’occasion dans la prairie. Comme pour tout évènement majeur, des spécialistes en art culinaire distribuaient des plats autour d’eux avec une félicité débordante. C’était une première ! Toute notre planète attendait cet évènement splendide avec une joie contagieuse.

 

Un premier vaisseau vint et un informateur filma avec brio la superbe coque étincelante du bâtiment géant de près de 700 mètres de long. Puis trois émissaires en descendirent, en se laissant glisser avec grâce jusqu’au sol. Il s’agissait de grands êtres de Lumière aux longs cheveux blonds ou argent. Ils étaient au nombre de trois et les miens étions incapables de dire s’il s’agissait d’humanoïdes mâles ou femelles. Il semblait s’agir d’êtres parfaitement androgynes. Cela nous fit sourire et nous apaisa, car sur mon monde il existe une très grande partie de la population qui est ainsi, pour des raisons qui nous échappent encore.

 

Les êtres de Lumière se posèrent avec grâce dans la clairière et leur taille diminua peu à peu pour atteindre deux mètres. Ils étaient translucides et brillants, leur cohérence se stabilisa, jusqu’à ce qu’ils deviennent un peu plus matériels, presque comme nous. Ils se présentèrent par l’esprit et dirent quelques phrases que chacun entendit directement en pensée. A peu de chose près ceci :

 

  • Nous sommes les représentants des Êtres de Lumière. Nous sommes immensément heureux de vous voir enfin, de pouvoir converser avec vos aimables dirigeants. C’est avec joie, avec amour que nous venons vers vous, renouer avec votre peuple ainsi que nos ancêtres l’avaient déjà accompli avec les vôtres.

 

Je fixais mes compagnons avec surprise. Je ne me souvenais pas d’une alliance avec des humanoïdes dans l’ancien temps. Nos ancêtres étaient venus sur cette planète, échappant à des escouades d’aliens féroces. En vérité les leurs, car ils avaient essuyé une guerre civile très meurtrière. Ayant été considérés comme des dissidents, ils avaient choisi de s’échapper vers un nouveau monde pour y vivre en paix.

 

La conversation entre les trois émissaires et les sages commença. Nous n’en percevions point le détail, juste des notes plaisantes, comme une musique. Nous ne nous lassions pas de contempler les êtres de Lumière, mais leur brillance indisposait certains des miens. Ces derniers auraient bien aimé rester, hélas, ils furent pris de malaises et de hauts le cœur inexplicables. Mes compagnons ne tardèrent pas à ressentir la même gêne et je les ai donc suivis. Bientôt, il ne resta plus personne près du vaisseau en suspension et des êtres qui conversaient. Un petit groupe se forma dans une clairière voisine. Chacun discutait avec une animation très vive, chacun était follement heureux.

 

Avec une grande prévenance, les êtres de Lumière firent décoller leur vaisseau géant et le placèrent bien plus haut. Les malaises et les bouffées de chaleur des miens passèrent, de même que les vertiges.

Je savais bien que cela était dû à la Haute radiance de ces êtres et qu’il fallait nous adapter progressivement à vibrer plus haut. Chacun était cependant confiant, pleinement joyeux à l’idée de transiter vers un stade énergétique plus élevé.

 

Durant les jours qui suivirent, beaucoup d’êtres de lumière vinrent dans des navires, cette fois plus petits, pour converser avec des sages, mais aussi avec ceux qui le désiraient. Chacun de ces entretiens fut très joyeux. Les êtres de Lumière, curieux de notre monde, en vinrent à se promener parmi nous, nous questionnant sur nos activités, notre manière de restaurer les édifices anciens, de créer des pièces musicales, de festoyer joyeusement.

 

C’était un très grand bonheur d’arriver sur mon lieu de fouilles le matin et de voir que deux ou trois êtres de lumière étaient là, soit assis près du plafond en flottant, à discuter, ou soit en train de marcher pour admirer les frises superbes des palais. Ils ne nous gênaient en rien, faisant preuve d’une immense prévenance et au contraire nous aidant avec une aisance divine à restaurer des colonnes brisées, des vases en miettes, des portiques tordus. Oui, ils accomplissaient cela avec beaucoup de bonté, les enfants les fixaient d’un air éperdu, leurs grands yeux plongés en un rêve éveillé.

 

Bien sûr, les êtres de Lumière auraient pu restaurer tout soudain des palais entiers. Mais ils ne le faisaient que si nous les en prions. Ils étaient humbles et discrets, ce qu’ils voulaient avant tout, c’est collaborer avec nous, devenir nos amis. Certains d’entre eux se mêlèrent à nos soirées, où nous avons pu leur faire goûter nombre de spécialités qui parut les enchanter.

 

Nous étions en permanence en une très grande joie, nous nous sentions portés en avant par une vague de pur amour, une déferlante d’extase sans nom s’emparait de chacune de nos journées.

 

Durant ce laps de temps, je ne vis plus Dorian durant plusieurs jours, il m’indiqua par l’esprit qu’il voulait explorer notre planète avec ses proches.

 

Cela m’attrista un peu, mais je le compris très bien.

 

Je me levais, un jour de repos et sortis prendre soin des plantations sous la tonnelle. Une silhouette resplendissante se tenait là, face à moi.

 

C’était Dorian !!! Je bondis de joie et courus embrasser mon ami. Nous nous sommes étreints, bouleversés. Dorian avait une consistance solide mais plus aérienne que moi. Il pouvait par exemple s’asseoir sur le mobilier mais traverser une porte si cela était nécessaire en faisant varier sa densité. Ses cheveux d’or répandaient une belle clarté et ses yeux bleus brillaient comme des pierres précieuses. Il portait cette fois un habit beige discret. Il m’en expliqua la raison, car moi-même je portais une tunique vert feuillage.

 

  • Je voudrais bien vous accompagner dans la jungle, exposa Dorian
  • Mais bien sûr, bégayais-je, C’est une telle joie. Allons-y maintenant !

 

 

 

 

Nous nous sommes enfoncés sous le couvert forestier. Puis, nous avons traversé le marais. Dorian marchait avec une très grande aisance, moi également, j’étais ravi de me trouver en sa compagnie. Je venais souvent dans la jungle dès l’aube. Il m’invita cependant à entrer dans la haute forêt des arbres millénaires, assez sombre, où nous allons rarement, sauf à la saison d’épanouissement des moisissures. Nous nous y rendons en petits groupes.

 

Je l’y suivis sans hésiter, certain que si un fauve surgissait en chemin, Dorian saurait bien quoi faire.

 

  • Nous avons l’habitude des fauves, dit-il en captant ma pensée. D’ailleurs, certains aliens ont aussi bien besoin d’être apprivoisés !

 

Cela état parfaitement vrai et j’en convins. Nous avions nous aussi eu affaire à des navigateurs aliens peu amènes, nous parlant avec beaucoup d’aigreur, ce qui avait attristé les plus jeunes.

 

  • Notre manière de faire avec les êtres qui n’ont pas confiance en nous, est de les amener à se détendre graduellement. Comme ils vivent dans un univers hostile, ils sont peu habitués à ce que l’on leur manifeste une aide désintéressée. Vos premiers ancêtres différaient bien de vous par leur allure, par leur esprit dominateur. Votre peuple a connu de nombreuses scissions, en familles, puis en castes. Vos lointains ancêtres faisaient partie de la caste des savants, des chercheurs. Ils ont capté un signal émis de nos vaisseaux stellaires et ils ont désobéi. Ils ont envoyé une réponse sans l’avis de leurs supérieurs, car leur curiosité, mais aussi leur cœur, leur dictait de faire ainsi.  Et ce qui devait arriver arriva, nos vaisseaux s’approchèrent, entretenant au départ une relation fraternelle, joyeuse avec quelques savants. Ce n’est qu’ensuite, après de nombreuses visites plaisantes, que nous avons signé une alliance. Hélas, pendant ce temps, c’est qu’en haut lieu, les dirigeants aliens pensaient à quelque ruse cachée dans l’usage que nous leurs proposions de moyens inoffensifs pour fabriquer, puis stocker de l’énergie. En vérité, ce terme est inexact, l’énergie se trouve en grande abondance dans l’univers, ces moyens visaient plutôt à la recueillir. Les génies au pouvoir se sont offusqués, faire de l’énergie à partir de rien n’était pour eux qu’une farce, un stratagème. Alors, nos vaisseaux ont expliqué à vos savants que nous devions bientôt partir. Ces derniers étaient bouleversés, presque désespérés, eux avaient foi en la brillance de nos inventions, ils désiraient libérer le secteur de l’énergie de la domination de l’atome. Leur ingénierie très brillante avait foi en nous. Des répressions ont eu lieu, puis une sorte de guerre civile a débuté, par l’arrestation de tout un rassemblement de scientifiques, en pleine réunion, certains d’entre eux étaient alors en visite sur votre monde originel. Ils venaient d’autres planètes. Cela a déclenché une vague houleuse et a suscité le mécontentement de nombreuses factions. Vos ancêtres habitaient alors une planète verdoyante, mais couverte en grande partie de villes et d’usines. Nous sommes intervenus pour libérer nos amis, de manière discrète et efficace, puis avons pris la fuite dans l’espace. A cette époque nos vaisseaux n’allaient pas aussi vite qu’en ce jour. Vos ancêtres déterminés nous ont suivis, ils désiraient venir sur nos mondes. Nous leur avons expliqué par l’esprit que cela n’était pas possible, ce lieu était trop énergétique pour eux. Hélas, ils étaient désespérés, ils n’avaient pas d’autre alternative. Ils ont franchi de manière oblique, heureusement,
    la Grande Barrière de Lumière, ceux que les vôtres nomment la Barrière interdite, qui délimité la zone de haute radiance galactique, précisément au centre. Cela leur a permis d’échapper à l’armée. Ils ont été cependant frappés de plein fouet par le rayonnement et leurs vaisseaux ont été très endommagés. Ils ont alors bifurqué à temps sur une route moins énergétique que nous leur avons indiquée. Ils étaient très habiles de leurs mains, ils ont réussi à réparer la plupart des vaisseaux, ceux qui ne le pouvaient sont demeurés en arrière, ces vaisseaux en faiblesse d’activité progressaient avec beaucoup de peine. Nous avons réussi à les remorquer et à les tirer hors de la zone dangereuse. Certains des nôtres ont péri durant cette phase. Il y avait beaucoup de zones de dégazage, exposa Dorian avec bonté. Il se trouve qu’ensuite, la progression de la flotte a pu reprendre, celle-ci a pu faire étape sur un astéroïde abandonné, pas de quoi fonder une colonie. Ayant refait les réserves d’eau et de méthane, les navires se sont de nouveau élancés dans l’espace. La quête des anciens a duré en tout deux longues années. Les cartes étaient très fragmentaires à cette époque. Au moyen de l’esprit, nos experts les guidaient avec constance. Hélas, il y avait beaucoup d’aliens malades et affaiblis par les radiations stellaires. Nous sauvions tous ceux que nous pouvions. Au bout de deux ans, vos ancêtres ont détecté une petite planète forestière marécageuse, ce présent lieu de paix, où ils pourraient habiter. Leur taille a diminué et leur forme a changé, prenant l’allure des Galmols que vous êtes aujourd'hui. Cela est arrivé sitôt qu’ils ont atterri sur cette planète.

 

 

 

En effet nous sommes un peuple assez petit au teint bleu vert ou blanc crème, parfois saumon. La forme de notre crâne varie un peu d’un individu à l’autre, mais elle est toujours élargie sur les côtés et aplatie.

 

J’étais absolument ravi de ce récit tout à fait limpide, qui venait confirmer ce que j’avais depuis longtemps cherché à savoir concernant nos ascendances. J’en restais absolument ébahi, car Dorian m’avait montré tout cela par l’esprit avec nombre d’images intenses.

 

  • Alors, nos ancêtres étaient…différents ? demandais-je à Dorian
  • Oui, assurément, fit le grand homme de lumière en enjambant un tronc. N’ayez crainte, lança t-il en contemplant sereinement les alentours peuplés d’arbres gigantesques.

 

Il m’attendit avec prévenance, nous étions en une forêt de très hauts conifères de 200 à 300 mètres de haut, parfois plus. Des feuillus poussaient près des marais, aimant à avoir leurs racines immergées. Il était en ces bois parfois, des meutes de chiens sauvages assez féroces, et plutôt hargneux, et je dois dire que je n’étais point très rassuré.

 

Dorian monta tout naturellement en une barque et m’invita à m’asseoir, ce que je fis. Il fit agir son fluide et notre esquif avança avec aisance parmi les lentilles d’eau, les algues. De temps à autres, je percevais l’aileron d’un poisson fantastique, qui nageait sous notre position.

 

Certains de ces animaux faisaient entre quatre et cinq mètres de long, ils auraient pu aisément faire chavirer notre minuscule embarcation. Ces grands animaux étaient souvent carnivores, et comme les anciens savaient le faire, Dorian avait sur eux un mystérieux pouvoir qui les maintenait à distance.

 

  • Ce n’est pas un pouvoir, reprit mon ami en corrigeant ma pensée toute admirative. Ce n’est que le fait de se trouver en un lieu et de marcher sereinement entre les possibles, celui de chasser ou d’être dévoré. Les animaux perçoivent naturellement que nous sommes de paisibles voyageurs et qu’il serait vain de chercher à nous attaquer, alors, ils ne le font pas. Il y a aussi la grande confiance que vous placez en moi !!! s’amusa t-il  
  • Il se trouve, exposais-je avec calme, que vous ne possédez ni paralyseur, ni fusil électrisant, d’où mon étonnement.
  • Nous pouvons agir sur les synapses nerveuses d’un animal éventuellement menaçant, qui serait aveuglé par la faim, assura mon ami avec le sourire. Mais nous veillons à le faire chuter sans lui infliger de blessures, surtout s’il s’agit d’un saurien.
  • Il n’est point de saurien terrestre en ce lieu, mais des lézards assez rapides qui nagent tapis parmi la vase et des reptiles volants, expliquais-je. Les êtres des airs sont raisonnables et posés, mais ceux du marais sont … hum … peu enclins à la conversation…
  • C’est bien certain, s’amusa Dorian, nous y sommes presque…

 

Il sauta souplement hors de la barque sur une berge herbeuse toute parée de rosée. L’aube dorée faisait miroiter la jungle de milliers de petites perles lumineuses, pointant dans la lumière comme autant de diamants. Les premiers insectes s’envolaient joyeusement et les petits animaux à fourrure gambadaient en haut des arbres.

 

Nous avons marché sur un sentier inconnu pour moi, de part et d’autres d’une nappe d’eau assez profonde, où des formes impressionnantes évoluaient en nous observant à la dérobée. Je fus très désemparé à la vue de ces prédateurs, mais Dorian me rassura.

 

  • Seuls les plus sages viennent ici, assurais-je, je ne suis qu’un petit alien… Voyez-vous ces poissons féroces, tous prêts à bondir pour nous happer ?

 

Dorian fit une chose étrange, il sourit et me fixa gravement. Je vis aussitôt en mon esprit ce que voyaient exactement les poissons qui nous guettaient depuis les eaux obscures. Eux voyaient l’éclat flou et doré de Dorian, ainsi que ma petite ombre mouvante. Certains en avaient très peur, mais d’autres étaient simplement curieux de cette lumière qui se déplaçait.

 

  • Vous voyez, me dit mon ami, ce ne sont pas tous de mauvaises créatures. Il faut vous tranquilliser.

 

Je l’écoutais donc et respirais un peu mieux, le marais devint plus vaste et la mince bande de terre sur la laquelle nous marchions s’étrécit. A un moment, mes pieds s’enfoncèrent dangereusement. Dorian étendit la main et mon poids s’allégea mystérieusement, me permettant de continuer à marcher sans être mouillé. Une importante congrégation de poissons superbes aux coloris très variés suivait toujours notre progression. Les poissons étaient extrêmement calmes.

 

Je fixais Dorian, qui marchait parmi la brume devant moi, bientôt, nous avons pu atteindre la terre ferme. Mon poids redevint ordinaire, et Dorian escalada une colline.

 

Je l’y suivis aussitôt, marchant à ses côtés, le cœur battant, sur une pente parée de fleurs sauvages que je n’avais encore jamais vues. Nombre d’oiseaux aquatiques vivaient en ce lieu, notamment des sortes de poules d’eau, des oiseaux élégants proches du faisan. Ils étaient occupés à couver leurs œufs et nous sommes passés sans les effaroucher. De toute évidence, cette terre était exempte de prédateurs et ils s’y trouvaient bienheureux.

 

  • Ce lieu est celui de la dimension supérieure, aucun prédateur ne peut entrer ici. La vie qui siège en cette région est à l’abri de tout, fit mon ami  

 

 

Dorian montra une haute montagne élancée, coiffée de pitons qui se perdaient dans la brume. Nous étions en vérité sur le flanc d’un majestueux sommet. A notre niveau poussait une végétation très épanouie, mais plus haut, les pentes dégarnies révélaient la roche gris brun, seulement parée de cristaux magnifiques.

 

Dorian s’approcha de la paroi et écarta une branche. J’entrais en un petit passage sous les arbres. Par instants des voiles dorés tombaient parmi les plantes. Il tendit la main et me montra une petite éminence rocheuse. Je la pris pour un rocher, mais c’était une stèle. D’un côté, la stèle montrait un alien gracile au regard fuyant, au crâne rond et aux grands yeux sombres, de toute évidence, avec des dizaines d’autres créatures derrière lui. Je perçus la peur de cet être, son portrait était semblable à celui de tant d’aliens inconnus aux yeux brillants et au teint crème que nous avions trouvés sur les fresques.

 

Je fis le tour de la fresque et vis… une famille !!! Cette fois, les êtres souriaient sereinement, il s’agissait des nôtres, on voyait un couple tenant chacun un petit dans ses bras. Comme cette scène était poignante !!! Je tombais à genoux.

 

Se trouver face à pareil spectacle en pleine jungle me bouleversait. Je murmurais des prières et des remerciements.

 

  • Ce sont eux ? demandais-je éperdument à Dorian, ce sont nos ancêtres ? Ceux de la Première fuite, de la Quête des anciens et de la longue errance parmi les étoiles ?
  • Oui, fit mon ami en s’asseyant sur un vaste rocher. Cela est bien exact. Vos histoires convergent.

 

Je l’y suivis et pris place à ses côtés, simplement heureux de me trouver là, prenant tout mon temps pour contempler cette lointaine œuvre d’art, si admirablement exécutée dans une roche extrêmement dure. Cette stèle, polie par les ans et préservée par ce marais était un témoignage si vivant à mes yeux ! Dorian et ses amis l’avaient exhumée et restaurée pour nous en y retirant toute la mousse.

 

  • Quelle métamorphose, comment peut-on changer à ce point ? demandais-je en fixant les deux faces de la stèle
  • Parce que l’on est heureux, vos ancêtres l’étaient, ils ont gravé ceci pour se souvenir d’où ils venaient. Leur apparence à changé lorsqu’ils ont pris pied sur ce monde et ils voulaient aussi rendre hommage à ceux qui avaient risqué leur vie dans l’espace.
  • Quelle merveilleuse aventure. Je vous remercie tant de me l’avoir fait partager !!! Et les Kolals, les Ilstirr ? Malgré beaucoup de recherches, leur origine demeure mystérieuse. Je me demande aussi d’où vient votre peuple, exposais-je à mon ami. Accepteriez-vous de m’en dire plus ?

 

Dorian eut un grand rire.

 

  • Je crois que ce sera peut-être pour une autre fois… Vous êtes vraiment extraordinaire !!! Après cette longue marche éprouvante et tant de découvertes, vous n’êtes point fatigué et êtes encore curieux d’en apprendre davantage !!!
  • Je m’en excuse, dis-je aussitôt, C’est juste que vous venez d’un coup et comme par enchantement, de révéler tout le passé de notre monde. Vous m’avez montré tout cela par de brillantes images, par l’esprit. C’est un pan de la connaissance cachée qui ressurgit et tout prend sens à présent. Je dois vous avouer que ce que vous m’avez montré a gommé toute notion de fatigue ! exultais-je  

 

Dorian rit de plus belle. Nous sommes retournés en arrière, laissant là les oiseaux de ce monde paisible. Puis, nous avons rejoint notre barque, je revivais les aventures brillantes des grands explorateurs de l’espace, les pionniers qui avaient trouvé la route pour découvrir notre monde. Je gravais chaque image dans mon esprit avec une vénération infinie pour tout leur courage.

 

  • Je me demande pourquoi nos ancêtres ont voulu franchir la Grande Barrière ? Ils ont pris un risque inconsidéré, questionnais-je après un long silence
  • Oui, des milliers et des milliers de vaisseaux, nous les avions mis en garde. Mais cela leur a permis aussi d’échapper à leurs poursuivants, d’un autre sens. Ils avaient tellement d’espoir, de bonté en leur cœur que la Haute radiance blanche ne les a pas anéantis, elle les a seulement altérés, effaçant les codages anciens, les programmations limitatives de leur ADN. Ils ont muté brutalement.  Ensuite, au bout de plusieurs générations, votre peuple, les Galmols, est né, conservant une apparence définitive.

 

J’écoutais Dorian, fasciné des images qu’il me montrait, et il me semblait que les légions de poissons qui escortaient notre esquif nous écoutaient aussi. Notre bateau a rejoint le rivage et les poissons ont mis leur tête hors de l’eau pour mieux nous voir. C’était un comportement bien inhabituel que je n’avais encore jamais constaté.

 

Je fus abasourdi de voir en effet nulle agressivité en leurs yeux, juste une sereine acceptation des choses.

 

  • Lorsqu’un monde transite, les animaux qui ne sont pas en phase avec l’amour, avec la tolérance des autres espèces s’éteignent. Ces poissons le savent et le sentent. Certains se nourrissent d’algues et d’autres mangent leurs frères. Les animaux carnivores sont voués à changer ou à disparaître. C’est un mécanisme graduel, d’abord, leur appareil digestif change, puis leurs instincts meurtriers s’effacent, laissant planer l’harmonie. Il en a été de même pour vos ancêtres qui ont abandonné complètement le maniement des armes. Je vous rappelle que vous nous avez accueillis comme pour une grande fête. Cela est un privilège de voir un monde si aimant !

 

 

Je méditais ces sages paroles, tout heureux de bénéficier de l’immense grandeur de l’être qui se tenait à mes côtés. C’est vrai, dès la venue des êtres de Lumière, tous les nôtres ont été unanimes pour leur faire bon accueil, simplement parce que nous le sentions en nos cœurs.

 

Nos mondes possèdent des stations d’oblitération plasmiques  redoutables, aptes à protéger notre planète des astéroïdes et d’éventuels vaisseaux menaçants. Lors de la venue des êtres de Lumière, ces stations, placées en hauteur, ont été investies par de très nombreux astronomes et informateurs, qui ont disposé d’un lieu d’observation idéal. Les scientifiques ont positionné de nombreux télescopes sur les tourelles, pour mieux filmer les vaisseaux.

 

Il ne serait venu à personne l’idée de la méfiance, en réactivant ces armes qui n’ont plus servi depuis belle lurette. Ce sont nos sages, qui désormais se chargent de fourvoyer aisément ceux qui pourraient nous causer du tort, en les orientant sur des voies stellaires peuplées d’astéroïdes déserts. Les sages collaborent avec d’autres êtres immensément puissants, qui résident sur nos planètes sœurs pour tous nous protéger, de tels êtres peuvent aisément dévier un astéroïde menaçant. Il nous est apparu qu’il en était mieux ainsi.   

 

Lors de la venue des êtres de Lumière, il me faut avouer que seule la joie a transparu. Nous avons tous reçu au fond de notre cœur un profond signal d’amour. Nous n’avions aucune raison de nous méfier parce qu’il n’y en avait aucune ! Nos amis du passé sont revenus ! Cela reste dans ma mémoire comme un jour inoubliable, celui-ci et tous les autres à venir.

 

Je vous salue, chers amis de la Terre bleue, oui votre monde aspire à être magnifié de la sorte. C’est vous qui pouvez faire toute la différence désormais,

 

Le professeur Zolmirel

 

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