La vie première de la planète azur
Message du Professeur Zolmirel
« Me voici de nouveau pour te dicter un nouveau message en cette veille de Noël.
Oui, ce jour qui vient est très particulier, et nous sentons une immense vague de joie sur votre monde jaillir de tous les cœurs, des enfants.
Les enfants embellissent le monde et pour nous, les aliens, il en est bien sûr ainsi.
Tant de fois ais-je soigné des enfants, les ais-je réconforté. Il n’est rien de plus gratifiant ! Cela a été à chaque fois différent, très émouvant de ressentir ce qu’il y avait en eux.
Oui, car j’ai pu ressentir alors toutes leurs pensées.
Les enfants qui vivent sur les mondes aliens sont souvent de jeunes clones et comme ils sont vibrants, aimants ! Il est une si grande curiosité chez ces petits. Leurs pensées sont immensément pures, ils sont emplis d’amour.
L’un des derniers enfants que j’ai soigné et que dont j’ai pu ressentir alors les pensées, est mon cher petit Ylmyn.
Il était si pur, si sensible, je me suis très vite attaché à lui et nous ne nous sommes plus quittés depuis. »
Ylmyn apparaît alors, je vois un petit être gracile aux grands yeux noirs, il sourit largement.
Le front du petit alien est très haut. Sa tête énorme repose sur un cou grêle, il possède des membres plus fins et plus longs que pour notre espèce. Son teint est nacré, très pâle. Son corps est nerveux et très menu, mais il se déplace avec une aisance, une grâce charmante. Le petit Ylmin possède des mains très fines, il est expert en mécanique spatiale et en pilotage de nefs. Je lis dans son regard une grande ingénuité, en même temps qu’un immense sérieux, un grand désir de bien faire, et une intelligence hors du commun.
Je dirai qu’il doit posséder la maturité d’un jeune homme de 18 ans au moins, avec en plus une très grande sagesse, une sorte de sérénité intérieure.
Il parle et dit avec une immense modestie ces mots, comme pour s’excuser de ce prodige, du haut de ses cinq ans d’alien.
- Je n’en suis encore qu’au stade préliminaire avant de passer l’épreuve qui permet de devenir pilote de vol spatial.
- Il n’est que second, reprend le professeur. Il va sur six ans, mais c’est vrai que c’est très jeune.
« Il vous faut savoir que les nefs sont toujours pilotées par deux êtres, un pilote et un navigateur. Ils vont toujours deux par deux, c’est indispensable, pour des raisons de sécurité stellaire. Le navigateur doit aussi savoir piloter. Il faut une certaine corrélation psychique entre eux, une certaine fusion mentale. Autrement dit, il y a toujours cette fascination, cette amitié étroite. Une fois qu’ils se sont trouvés, ils travaillent ainsi de nombreuses années ensemble. Lorsque le second, le navigateur ou le pilote est un enfant, ce qui peut arriver, son apprentissage est facilité, accéléré.
Les choses sont bien plus simples par chez nous, il n’est point autant de protocoles à retardement, dits « administratifs ».
Nous avons tendance à projeter une idée, à la concrétiser, puis à la mettre en action immédiatement. Oui, à notre niveau tout est plus rapide et plus fluide.
Il me faut vous conter maintenant ce beau voyage effectué dernièrement sur un écrin bleu vert.»
Il me montre une superbe planète bleu azur mêlée de blanc, dont la surface est délicatement entourée d’une aura de lumière. La planète est bien éclairée par une étoile assez proche.
« C’est une planète d’eau », reprend le professeur,
« En réalité ce que vous appelez planète « gazeuse ».
« Vous avez tendance à penser que rien ne vit sur une telle planète, mais bien sûr, il n’en est point ainsi. Il existe beaucoup de bactéries, d’organismes micellaires, d’amibes très résistantes, qui demeurent en ces lieux. Il existe aussi des formes de vies énergétiques, proches de la lumière, de l’électricité et du plasma.
Ces formes de vie se meuvent dans le vide stellaire, en suivant les courants qui émanent des étoiles, que vous appelez « vent solaire ». Elles sont très intelligentes et très organisées. Ces formes de vie sont un peu des pollinisatrices, dans l’espace, elles se déposent là où cela est le plus nécessaire, en des eaux dormantes, en des grottes parfois. Elles flottent, je l’ai dit, suivant des courants énergétiques.
Si vous souhaitez une image, elles ressemblent pour ainsi dire à de la poussière de fée.
Oui, nous prenons très au sérieux vos dessins animés pour enfants, ils contiennent de grandes vérités, certains sont emplis d’amour, de communion avec toute chose. Cela est aussi l’esprit des fées.
Je poursuis ma description de ce beau berceau bleu pur.
Notre ancien, très alerte pilote, nous a fait effleurer la surface océanique de ce monde étonnant.
Mais l’eau était très étrangement constituée, elle ne pesait pour ainsi dire presque pas et avait une étrange fluidité, comme s’il se fut agit d’air ou d’huile, et non pas d’eau.
Oui, cette eau faisait comme un courant d’air.
Notre vaisseau a donc plongé avec précautions, en ces nappes d’eau mouvantes.
Il s’est retrouvé peu à peu en un lieu étrangement surréaliste, formé d’un ensemble de vagues bleu céruléen, et d’autres strates, jaune d’or, qui faisaient comme de la lumière liquide et qui sinuaient dans ce beau paradis azur.
Nous avons effectué des prélèvements de cette poudre d’or et nous avons découvert qu’il s’agissait d’organismes planctoniques, très résistants aux vagues de haute énergie produites par la planète.
Notre vaisseau s’enfonça plus profondément encore en ces strates azurées, et bientôt, il fit presque nuit.
Je demandais à l’ancien s’il était bien sûr de la direction à emprunter.
- Savez-vous où nous sommes ? demanda un alien plus jeune et quelque peu inquiet.
- Aucune idée, fit l’ancien. Mais c’est bien par ici, je reconnais ce sillage énergétique.
Alors la zone où nous nous trouvions révéla un étrange édifice de pierre, semblable à une stalagmite sous marine géante, mais hérissée de minuscules filaments luminescents.
Nous ne nous sommes point approchés, la radiance de ce lieu était très forte, et nous ne souhaitions point déranger cet écrin de vie en phase de constitution.
C’est alors qu’une forme très ample et rosée s’est matérialisée devant notre vaisseau, je dis bien matérialisée.
Il s’agissait d’une très longue et très vaste méduse, portant derrière elle, de longs tentacules garnis de petits éclats de lumière. C’était un très beau spectacle.
Cette forme de vie bienveillante s’est présentée par l’esprit, et nous a aussitôt invités à la suivre.
Notre vaisseau a pris de l’allure, et il le fallait, pour croiser à de si grands profondeur sous cet océan fantastique tout en suivant l’apparition vaporeuse.
Les nappes d’eau se sont peu à peu densifiées, jusqu’à prendre l’exacte allure que l’eau possédait sur votre monde.
La douce méduse nous a menés environ
Elle nous a désigné une sorte de fissure.
- Par là, nous a t-elle dit.
Puis elle s’est évanouie.
Il nous a fallu tout notre courage pour faire plonger notre petite nef en des eaux ou ne possédions qu’une vue si étroite. Nous avions l’impression que cette falaise pouvait se refermer sur nous, mais en aliens de science avisés, nous avons laissé nos esprits se détendre.
Nous étions émerveillés des formes de vie bioluminescentes qui peuplaient cet abime de nuit.
Il y avait là des algues, des plantes et des coraux, de multiples teintes.
Ce paradis luxuriant se renforçait à mesure que nous approchions d’une zone plus chaude. Et immanquablement, nous avons aperçu de minuscules poissons, des crevettes et d’autres êtres de l’eau.
Ces formes de vie étaient bien à l’abri, près des zones plus chaudes qui leurs procuraient confort et nourriture.
Plus loin, nous avons découvert des sommités cristallines. Des cristaux géants paraient les contreforts rocheux.
Le vaisseau a détecté une anomalie, une bulle d’air était présente en cet endroit.
Notre ancien a assuré que c’était sans danger. Le vaisseau a suivi une galerie ennoyée, puis a émergé de l’eau.
Nous sommes sortis les uns après les autres et avons respiré un air à la senteur ferrugineuse. Nous étions en réalité dans le lac d’une vaste grotte.
Il faisait intégralement nuit dans cette grotte. Et nous étions bien en peine de dire où cet endroit menait, mais une vive chaleur habitait ce lieu.
- Voici un écrin de vie qui semble bien constitué, dit le petit Ylmyn. Pourquoi sommes-nous venus ici ?
- Parce que cette planète aspire à être peuplée de formes de vie végétales, expliquais-je. Il nous faut effectuer quelques semis pour commencer.
Nous avons pris notre équipement et avons sondé cette grotte. Le vaisseau trop large ne pouvait y entrer mais un véhicule minier était tout indiqué pour explorer ce lieu. Nous avions pris soin d’en emporter un.
Notre ancien nous accompagna, chose inaccoutumée.
Le sage prit place à bord du petit véhicule en riant.
- Point de secousses là au-dessus, je serai donc ravi de voir ce paradis !
Et nous sommes donc partis, laissant un plus jeune botaniste assez craintif surveiller le vaisseau.
Notre petite plate-forme à répulsion nous a menés très exactement au-dessus d’un puits très vaste.
Il donnait sur un abime de lave. Les plus jeunes en furent tout admiratifs et effrayés en même temps. Ils ne pouvaient détacher leur regard de cet abime sans fond, nuancé de vagues rubis en mouvement.
- Cette belle est au repos, nous rassura le sage. Elle nous attend.
Nous avons franchi l’abime et sommes parvenus à une galerie descendante très agréable, brillamment éclairée de lueurs dorées sur ses parois.
Nous ne pouvions expliquer l’origine d’un tel éclat. Nous sommes descendus et avons senti une énergie prodigieuse en cet endroit. Une eau très pure s’écoulait de la paroi. Cette eau était de la plus parfaite qualité. Nous étions tous d’accord là dessus. Nous avons décidé d’en boire un peu, elle était divine. Rapidement nous nous sommes mis au travail, emplis d’énergie joyeuse. Nous avons sondé et exploré la belle caverne. Les seules formes de vie qui s’y trouvaient étaient des organismes des stalactites au stade latent, à moitié en dormance.
Nous avons continué notre tâche. Nous avons effectué plusieurs semis d’algues bio minérales, puis avons poursuivi par des prières et des chants de bienvenue, comme les enfants savent en faire de très grands.
Bienvenue à toi, ô vie première, qui en cette caverne éclot,
Bienvenue à toi, pour ensoleiller ce monde, peu à peu,
Nous t’attendons et t’appelons,
Nous te donnons la force de croître,
Crois sans peur, libère-toi,
Que le fil de tes racines entrelace d’autres brins de vie,
Plus loin au-delà du sous-sol,
Que tes pétales, tes fleurs s’étirent, s’étendent,
Que tes pousses, que tes graines rejoignent d’autres lieux
Pareils à celui-ci, qui attendent leur heure
Sois rivière de verdure, deviens forêt,
Nous reviendrons bientôt te voir,
Toi, planète bien aimée,
« Et il en fut ainsi, nous partions une fois de plus, laissant cette vie première maturer, aux bons soins de cette planète azur.
Nous sommes revenus, à notre vaisseau, tout émus, et heureux. Notre ancien quelque peu espiègle et très désireux d’observer de belles fontaines de lave, fit faire un détour à notre petite plate-forme. Nous sommes parvenus tout aux pieds d’un très grand lac de lave et là nous avons murmuré d’autres prières.
Mes compagnons étaient bouleversés par les grondements incessants. Cette planète toute d’eau aérienne en surface, aspirait à devenir terre ici-bas. Nous nous regardions avec des yeux brillants de larmes, étreints de la même indicible émotion.
Nous savions que l’eau aérienne de la surface se changerait peut-être bientôt en atmosphère, de même que celle de cette grotte, sous l’effet du réchauffement volcanique.
Nous avions bien des questions en notre esprit.
Nous avons repris notre chemin. Arrivés au petit vaisseau, notre sage bien aimé prit les commandes et nous quittions bien vite les abysses, regagnant la surface par le passage étroit.
- Je me demande bien pourquoi cette belle est ainsi entourée d’une eau si importante et pourquoi elle ne choisit que maintenant de se parer de terres, questionnais-je.
- Les belles n’ont pas toutes le même dessein. Certaines choisissent de se parer d’îlots, de terres, de forêts ou de montagnes. D’autres aiment à demeurer des blocs glacés immaculés, d’autre encore aspirent à voir s’épanouir les vies des sables, des marais. Il est des belles qui changent d’aspirations. Il en est encore qui subissent les soubresauts de systèmes stellaires voisins, des pluies de météorites ou des désordres gravitationnels. Les Grands Êtres ont du corriger cela. Je sens leur présence.
Notre petit vaisseau a bondi dans les eaux et a gagné la surface de la belle bleutée. Nous sommes finalement sortis de cette étrange masse d’eau aérienne.
Puis nous avons regagné les cieux.
Là, un spectacle splendide était visible. Un superbe vaisseau-lumière était présent juste au dessus de nous. Tout le vaisseau s’illumina de la proue à la poupe en un salut amical. Nous répondions aussitôt. Il nous fut demandé si nous avions envie de monter à bord. Nous avons joyeusement accepté.
Un panache argenté a jailli du vaisseau-lumière et a aspiré notre petite nef, par un procédé inconnu, mais très harmonieux. Elle fut aussitôt déposée en douceur dans un grand hall brillant.
Dorian, et d’autres êtres de Lumière que nous connaissions bien, étaient là. Ils nous saluèrent très affectueusement avec un mot aimable pour chacun, même pour les plus jeunes.
Ils nous menèrent en des salles brillamment éclairées de bleuté, d’or et de fuchsia.
Toutes plus belles les unes que les autres.
Nous avons rejoint une petite pièce aux murs blanc rosé, toute garnie de sièges avec une table chaleureuse. Des mets délectables s’y trouvaient et notamment des plats à base des champignons les plus exquis, des soupes de mousses et de fougères absolument parfaites, sans oublier des soupes de légumes finement aromatisées.
Ce menu peut vous sembler étonnant, mais mon peuple d’êtres des forêts mange tout ce qui y pousse.
Nous étions absolument ravis, il était même prévu des plats différents, pour les aliens issus d’autres peuples, qui aiment manger des potages, des céréales, et des plats à base de fruits par exemple.
Chacun mangea à son aise et je questionnai Dorian avec intensité.
- Dis-moi, mon ami, pourquoi ce monde est-il ainsi illuminé d’aussi étrange manière en ses grottes ? Car en plongeant en ses eaux nous n’avons vu que la nuit. Et voilà que tout d’un coup cette grande caverne de lumière apparaît devant nos yeux !
- Cette lumière est issue de l’énergie-mère de cette planète, elle vous a ainsi désigné l’écrin de vie le plus approprié, en accord parfait avec les formes de vie élémentaires qui la peuplent déjà et ont du mal à s’y maintenir.
- Je pensais qu’une belle de nature éthérée, était un monde très ancien, qui avait cru en éthérisation et en taille.
- Non, point celui-ci. Cette énergie qui a perturbé ce monde, a vaporisé une partie de ses eaux. Nous l’avons stabilisé et avons circonscrit les eaux en une barrière d’énergie, voilà pourquoi elle flotte ainsi librement. Nous empêchons les eaux de fluer dans le vide spatial, lorsqu’il y en a trop qui s’échappe. Il faut un équilibre entre la qualité des matériaux arrivant sur la planète et ceux s’en échappant. Il est toujours de la poudre spatiale qui arrive sur les planètes. Nous régulons ces marées avec beaucoup d’attention. Surtout lorsqu’un berceau est aussi favorable. Une fois que la force gravitationnelle de la planète sera suffisante, ses eaux retomberont et elle constituera une atmosphère.
- C’est fascinant. Tu me parlais de l’éthérisation des mondes…
- Oui, les mondes s’éthérisent, lorsqu’ils franchissent des portails dimensionnels. Mais cela demande du temps, cette planète est très jeune. Un processus d’éthérisation trop rapide de la vie qu’elle porte, serait néfaste pour elle. C’est pourquoi, nous la préservons. Pour un monde ancien, bien constitué, qui a vu le jour voici des éons, l’éthérisation est possible, avant tout parce que les formes de vie qu’il porte sont sereines, et en parfaite santé. Elles aspirent à être transmutées, libérées, de leur enveloppe matérielle. Une éthérisation se fait toujours en accord parfait avec l’âme des sujets. Il leur faut se demander très précisément, s’ils aspirent à une vie plus spirituelle.
- Je comprends, cela a est un processus d’ouverture, d’acceptation, de relâchement de soi aussi.
- Absolument, l’identité des individus fusionne entièrement avec l’énergie-mère de leur planète, ils sont contenus en un tout unique et ne font plus qu’un les uns avec les autres. C’est en allant vers le tout, qu’un individu s’ouvre à l’amour.
Je regarde le petit Ylmyn qui se tient près de moi très attentif, et nos yeux ont la même connivence. Notre ancien, non loin de nous n’a pas perdu une miette de cette longue explication passionnante. Son regard possède en cet instant, la brillance des sages qui ont tout vu. Il sourit largement, alors tous, nous rions de concert.
La grande salle chaleureuse est baignée de rires. Juste derrière nous, le hublot montre le spectacle de la belle planète bleue, qui semble comme nous faire un clin d'œil dans le velours infini de l’espace.
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