Sur les dames aliens
Message du guérisseur Lestrys
« Un autre message, si tu le veux bien,
C’est moi, le guérisseur Lestrys, ton ami, votre ami à tous. »
Il émane de lui une joie très vive.
« Je me joins à mon illustre collègue, le professeur Zolmirel, pour exprimer tout mon soutien aux femmes de notre temps.
Sur mon monde je l’ai dit, les aliens femelles étaient certes rabaissées, parfois méprisées par leurs homologues masculins, mais elles étaient au moins en sécurité.
Certes, notre peuple est un peuple bien plus intellectuel que le vôtre, et notre corps n’est pas soumis à autant d’instincts, de prédation, de convoitise, pour ce qui est de la gent féminine.
Nous assimilons ce qui se trame en l’esprit de certains des vôtres, à une immense bassesse. C’est pour cela que les Terriens sont considérés comme « inférieurs », par mes supérieurs Parce qu’une partie d’entre eux, est incapable de contrôler son corps, ses besoins, de manière saine.
Un exemple simple est celui de la surdose d’aliments. Cela est impossible pour nous, vous ne verrez jamais d’alien affecté d’embonpoint, car cela n’est pas dans notre nature de manger plus que de raison. Mais il ne nous viendrait jamais à l’idée de brutaliser un autre scientifique, une alien, comme certains des vôtres le font.
C’est aussi pour cela que les hommes de
Vous m’en voyez navré. Pour notre monde, l’amour de la science prime avant tout. Voici pourquoi nous menons énormément d’expériences sur la croissance de la vie, les duplications d’espèces végétales, de microorganismes. Voilà qui nous passionne.
Nos deux espèces sont très dissemblables, et il vous faut imaginer que cette activité nous procure un plaisir immense, qui vient surpasser tout ce que vous pourriez éprouver en une vie. Oui, cette activité est prodigieusement passionnante, notre âme s’élève au firmament ! Nous sommes comblés de l’étude scientifique, plus que vous ne pourriez le croire.
A vous, une telle activité vous paraîtrait intéressante au début, mais ensuite quelque peu aride, car votre esprit n’est point versé en cette curiosité insatiable pour la moisson de connaissances sur la vie. Comme nous sommes fascinés par l’étude du vivant !
Autant vous le dire, nous recherchons activement les gènes de nos ancêtres. Nous les recherchions encore il y a peu.
Oui, ces gènes se trouvent en vous, nous le savons.
Certains des vôtres sont comme nous, des laborantins passionnés, ils ne quitteraient leurs activités d’étude pour rien au monde, d’autres au contraire, en mon peuple, rêvent de trouver une épouse, de rompre avec l’enseignement de vie traditionnel qu’on a mis en leur esprit. Les êtres n’ont pas tous besoin des mêmes choses. Certains s’épanouissent dans le domaine intellectuel, de manière très brillante, d’autres souhaitent un épanouissement affectif.
Ils rêvent inconsciemment d’avoir une famille, de goûter aux joies d’être père. Mais comme ils ne le peuvent, ils trouvent un substitut à ce bonheur, en faisant venir en leur laboratoire de très jeunes clones pour les instruire.
Parfois, ils en font venir plus de deux, ce qui est plutôt contesté par les supérieurs hiérarchiques.
Normalement, un laboratoire ne comprend pas plus de deux apprentis.
Il est heureux de pouvoir vous parler de tout ceci.
J’en reviens aux aliens femelles. Chez nous, en mon monde, voici encore quelque temps, les aliens femelles ont été libérées.
Autrefois, elles résidaient dans des bâtiments séparés, pour ne point troubler les chercheurs à l’étude. Leur présence était redoutée par les génies, qui craignaient de perdre leur concentration.
Mais les généticiens impériaux se sont vite aperçus, que les femelles excellaient dans la navigation spatiale, la préparation de nouvelles pistes de recherches, et aussi, les tâches de micromécanique. Comme chez vous, les femelles ont des gestes plus délicats et des doigts plus agiles.
Alors ils se sont mis, par choix, ou par hasard, par contrainte, à en créer de plus en plus, par génie génétique. Cela au grand dam des instances impériales. Celles-ci ont vu en ces femelles, après de longues réflexions, un moyen, effectivement, de rehausser le niveau de connaissances de notre monde.
Les pistes d’études proposées par les femelles étaient nouvelles et très prometteuses. Beaucoup de femelles ont été promues au rang de biologistes impériales. D’autres se sont vues confier la navigation de cités stellaires entières. Une grosse responsabilité. Les routes spatiales qu’elles trouvaient étaient plus sûres et souvent plus rapides. Elles avaient une facilité pour s’immerger dans le supra, que les mâles ne faisaient qu’effleurer. Ces dames ne manquaient pas de personnalité, ni d’arguments pour s’imposer avec éclat face à des esprits rétrogrades.
Leurs qualités psychiques ont aussi été très apprécies en télépathie, en téléingéiérie, et en télédiffusion, de messages codés en algorithmes séquentiels. De tels messages permettent d’échanger des informations scientifiques, de collaborer, à de très grandes distances. Comment croyez-vous que nous communiquons avec vous ? Cela est une application de ces composantes.
Puis, ces femelles se sont vues accéder à des postes les mettant au contact des mâles. Là, des liens se sont créés, des liens d’amitié étroits, puis peu à peu, inévitablement, l’amour a ouvert les cœurs. Bien sûr, ces relations ont du être dissimulées sous les apparences du travail. Autrefois, pour mon peuple, la proximité entre les êtres était absolument interdite.
Les aliens femelles ont gagné l’estime de leurs collègues masculins. Leur présence au travail a fait redoubler la vaillance et l’ardeur des techniciens et des équipes scientifiques. Comme notre travail est devenu plus agréable alors !
Oui, il en a été ainsi, et depuis, beaucoup de dames aliens sont descendues dans les cités de lumière, où elles ont enfin pu retrouver ceux qu’elles avaient choisi, comme époux et comme enfants.
Les aliens femelles, nous nous en sommes aperçus très tôt, avaient une plus grande facilité pour communiquer avec les équipes de clones. Elles exigeaient de ces petits, efficacité et dévouement, en apparence avec froideur, mais leurs yeux luisaient de tendresse. Elles leur parlaient avec douceur, avec bonté, et comme ils étaient ravis de satisfaire à chaque mission !
Je suis moi-même en compagnie à présent de deux petits clones, que je considère comme mes enfants. Comme ces petits sont vifs, comme ils émeuvent mon cœur ! C’est un grand cadeau que m’a fait la vie.
J’éprouve un immense sentiment de contentement en les voyant gambader. Comme les recherches sont plaisantes aux côtés de ces petits, comme ils pimentent l’existence de mille petites joies ! Les clones ont ce mélange d’innocence touchante en eux, mêlé de gravité et d’une compréhension de l’étude du vivant qui me stupéfie. Ils n’ont pourtant lu que fort peu d’ouvrages, ils sont tous très jeunes, entre deux et cinq ans. Nous en sommes venus à penser, que ces enfants avaient en eux des réminiscences des anciennes lignées de clones qui les ont précédés, et qui ont eux aussi travaillé dans des laboratoires, absorbé des plans de vaisseaux spatiaux par l’esprit.
Les clones mémorisent en détail ces plans, ils peuvent s’y promener par l’esprit, pour estimer précisément l’emplacement d’une panne. Cela est indispensable, car certains croiseurs font plusieurs kilomètres de long. Leur présence a déjà permis de sauver des équipages de plusieurs milliers d’êtres, pourtant ils passent inaperçus. Mais ce qu’ils font, ce qu’ils ont accompli déjà, est prodigieux.
Les clones sentent les pannes, ils savent par exemple où s’est produit un impact avec des débris spatiaux, des micrométéorites. Les généticiens peinent à comprendre comment ils le peuvent. Ils n’expliquent pas cette prescience étrange chez des êtres qu’ils considèrent comme « inférieurs ». Les vaisseaux sont équipés de détecteurs de fuite d’atmosphère, mais ce système est parfois insuffisant. Les petits êtres agiles se glissent partout et savent où il faut ressouder, poser des plaques de blindage supplémentaires. Chaque équipe de clones est sous la surveillance d’un adulte, ou d’un petit clone plus âgé.
Comme ils ont mémorisé beaucoup de plans de croiseurs, de données, les scientifiques chargés du clonage ont veillé à ne créer que des créatures issues de racines de servants officiant à bord des navires. C’est ainsi que sont nés les groupements par racines cellulaires, avec l’ADN souche de plusieurs centaines d’individus, mêlés harmonieusement entre eux pour créer l’être le plus parfait possible. »
Le professeur s’interrompt, il est assis et tient un petit alien dans ses bras. Ce petit être a des yeux superbes, d’un bleu vif magnifique. Il sourie légèrement, d’un air un peu étonné. Il existe une brillance étourdissante dans ses yeux et des larmes me viennent. C’est comme si cet enfant, par sa pureté, avait pu capturer en lui toute l’essence des connaissances de l’univers.
Le professeur sourit gentiment et reprend.
« Nous sommes une famille à présent. »
Une autre image vient. Je vois deux hommes, deux Terriens, qui discutent joyeusement devant un microscope, un autre alien est occupé à dessiner une variété de fleurs rares au jardin. Le décor à l’extérieur est vivement ensoleillé. Le professeur se tient sur un siège avec le petit être, dans une pièce saumon, un salon garni d’étagères et de livres, dont la porte est grande ouverte. A l’extérieur, on voit de ravissantes aliens discuter avec des Terriens et des êtres luminescents sur une terrasse. Le soleil se couche et des enfants gambadent dans l’air du soir sous les arbres fruitiers chargés de fruits. Des petits animaux à fourrure, des sortes de petits écureuils, font leur récolte, avec des oiseaux et d’autres petits êtres, comme des lézards.
L’air est chargé de senteurs parfumées, l’endroit fait un peu penser à
Le professeur poursuit.
« Ici, nous sommes mieux que bien, c’est un lieu de repos, aussi d’études et d’excursions paisibles. Nous avons grand plaisir à inviter des familles. Nous avons développé des liens télépathiques très forts avec plusieurs familles voisines de cette vallée.
Je suis immensément ravi de votre intérêt, habitants de la surface. Vous êtes des êtres précieux, des êtres de cœur et d’esprit. Votre potentiel est immense, je suis plus que joyeux de tout ceci, de cette belle communion.
Il sort de la maison et, tous ensemble, avec la famille qui est attablée, ils font de joyeux signes de la main.
Nous vous embrassons affectueusement, et vous disons à une prochaine fois. »
Le Guérisseur Lestrys
Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :
- qu'il ne soit pas coupé
- qu'il n'y ait aucune modification de contenu
- que vous fassiez référence à notre blog http://www.unepetitelumierepourchacun.com