UN ALIEN PARLE DES MONDES HABITES
La parole du professeur Zolmirel sur les mondes habités
Il s’agit d’un récit élaboré à partir de nombreux rêves et visions. Je l’ai écrit sans efforts aucuns puisque la scène a défilé sous mes yeux comme un film. Il est ici un peu élagué et modifié afin d’en restreindre la longueur.
Le professeur Zolmirel, un alien immensément âgé, discute paisiblement avec Albert, qu’il considère comme un « jeune humain » de 62 ans. Il lui présente son monde et lui explique que la vie est répandue dans la galaxie.
Ils viennent juste de faire connaissance. C’est le soir de Noël et Albert, qui possède pourtant un caractère bougon et renfermé, a cuisiné pour recevoir ses trois invités tout à fait hors du commun. Albert est en effet un homme ordinairement taciturne, assez méfiant, et ayant subi beaucoup de blessures affectives. Il possède également la pire opinion de lui-même, puisqu’il a un problème avec l’alcool et souffre d’une extrême timidité. Il ressent un mélange de fascination et d’inquiétude envers les aliens.
Lorsqu’il fut 20H00 précises et que la table était mise, on frappa à la porte. Albert se précipita pour ouvrir et se trouva face à trois aliens fort différents.
Celui qu’il avait déjà vu antérieurement, le professeur Zolmirel, possédait une tête énorme plus large que haute posée sur un cou frêle. Il arborait une écharpe et un grand manteau. Ses grands yeux noirs reptiliens le fixaient calmement. Frémissant de peur face à cette créature d’1m20, Albert ressentait une impression de puissance et de sérénité émaner de lui.
Ensuite venait un alien très grand, d’environ 1m80, au visage austère, vêtu avec beaucoup d’élégance d’une sorte de redingote, d’une écharpe, d’un chandail de laine et d’un pantalon en tissu brillant. Juste derrière le grand valet se cachait un minuscule clone fort jeune, arborant un anorak très épais.
- Soyez les bienvenus ! Entrez donc ! fit Albert avec chaleur.
- Bonsour monsieur Albert. Nous sommes honorés par votre accueil déclara le professeur Zolmirel en souriant.
Le valet s’inclina raidement et ils entrèrent pour échapper aux bourrasques glacées.
- Je suis heureux de vous voir euh…ensemble. Je ne pensais pas que vous étiez trois, avoua Albert.
- Vous êtes tout excusé répondit Zolmirel. La discrétion est indispensable à notre survie. Je dois vous remercier pour votre courage. Bien des vôtres auraient agi… différemment.
- Je ne le ferai pas, même si je suis un peu inquiet par moments, exposa Albert la voix chevrotante.
Le valet ne cessait en effet de vriller son regard de ses grands yeux turquoise et cela le mettait très mal à l’aise.
Le professeur Zolmirel lui lança un regard d’avertissement et elle détourna les yeux avec peine.
- Pardonnez-la, c’est la première fois qu’elle voit un humain d’ici de près.
- Vous lisez les pensées, n’est ce pas ? bégaya Albert en tâchant de faire le vide dans son esprit. Il s’efforçait en cet instant de ne surtout point penser aux aspects les plus dégradants de sa personnalité, peine perdue.
- Oui, c’est exact, fit Zolmirel. Mais cela ne doit pas vous mettre mal à l’aise, nous vous acceptons tel que vous êtes, exposa t'il avec bonté.
La grande alien lança un regard courroucé à Zolmirel, mais ne souffla mot.
« Nous devons aider notre ami… à devenir quelqu’un d’autre. Nous nous étions mis d’accord là-dessus. » répondit posément le professeur face à ses pensées cinglantes.
Le petit clone ne disait rien, mais contemplait avec bonheur la maison confortable. Il appréciait le radiateur près du fauteuil. Albert avait préparé beaucoup de plats variés pour ses invités.
- Il y a tant de questions que j’aimerai vous poser. Existe t-il beaucoup de mondes habités ? beaucoup de civilisations ?
- Oui répondit l’alien. Je viens d’un système stellaire lointain. Mon étoile comporte une civilisation très ancienne et très bien développée. Il extirpa une sorte de livret de son manteau et le tendit à Albert.
Médusé, celui-ci ouvrit l’album composé de caractères indéchiffrables. Albert observa les clichés étonnants d’une vaste pampa où poussaient des végétaux incroyables. Il s’agissait d’un mélange entre des arbres et des cactus, le tout recouvert de mousses et atteignant une taille prodigieuse de plus de 200 mètres de diamètre.
Il tomba ensuite sur l’image d’une sorte de marais peuplé d’amphibiens et de petits animaux volants. La photo de cimes enneigées vint ensuite. Les cimes étaient précédées d’aiguilles rocheuses nimbées de brouillard.
Mais ce furent les villes qui l’impressionnèrent le plus. Beaucoup d’édifices brillaient de mille couleurs et s’intégraient harmonieusement au paysage. Des jardins s’étendaient alentours.
Albert sourit à son nouvel ami. C’était un horizon nouveau de possibilités qui s’offrait à lui. Ressentir qu’un être venant d’un monde lointain s’intéressait à lui le plongeait dans le bonheur. Il lui rendit l’album après l’avoir feuilleté avec émerveillement.
- C’est vraiment très beau. Votre monde semble paradisiaque. admit-il en souriant. A quelle distance se trouve t-il ?
- A 2100 années-lumière, répondit le professeur. Pour nous, il s’agit d’un petit voyage de quelques heures. Nos vaisseaux sont très développés affirma t-il avec chaleur.
- Venez-vous du même monde ? questionna Albert en se tournant vers l’autre alien, obstinément austère et silencieuse. (Quelque chose lui disait que ce n’était sûrement pas le cas.)
Le regard de l’alien jeta des éclairs, quant au petit clone, il semblait partagé entre une grande timidité et une irrésistible envie de parler.
« Comment ce pitoyable petit humain peut-il en savoir si peu long sur les autres civilisations ?! s’écria la grande alien en une onde télépathique furieuse. C’est un scandale ! »
Le professeur Zolmirel mangeait du concombre avec appétit.
« Ne soyez pas trop prompte à juger » La désinformation règne sur Terre, toute anecdote un peu trop invraisemblable est taxée de conspirationnisme… d’hérésie. » soupira Zolmirel.
- Pourquoi voyage spatial serait-il… hérésie ? interrogea le minuscule clone de sa voix grêle.
- Il est beaucoup plus facile de rejeter dans le néant une hypothèse dont on a pas la preuve directe, plutôt que de chercher à savoir si elle existe réellement, répondit posément le professeur. Autrefois, raconta t-il, les humanoïdes croyaient que leur monde était plat comme une tarte aux framboises. Les astronomes criant haut et fort que la Terre était ronde, n’étaient point écoutés. Pire encore, ceux qui osèrent prétendre que la Terre suivait une orbite héliocentrique, comme les autres planètes, furent persécutés par le pouvoir religieux !
- Mais pourquoi ? demanda le petit alien
- Parce qu’il s’agissait d’une hérésie religieuse, répondit le professeur d’un ton très sérieux. Admettre que cela puisse être possible remettait trop de choses en question.
- Alors, les humains qui parlent de vaisseaux et de voyages cosmiques passent pour des fous ? fit tristement le petit être
- J’en ai bien peur, conclut le professeur, mais les choses changent.
- Mais le monde est prêt, assura Albert, les gens n’attendent que cela. De savoir que vous existez vraiment ! C’est une opportunité merveilleuse !
- Une partie de l’humanité corrigea Zolmirel. Ce qui est heureux. Mais l’autre partie serait à coup sûr terrifiée. Nous dérangerions bien trop leur confortable vision des choses : l’homme comme seule espèce pensante sur terre et dans le système solaire. Beaucoup de personnes sont fascinées par la découverte des exoplanètes. Dès qu’on leur parle de la présence d’eau sur Mars et sur la Lune, elles sont déjà bien plus mal à l’aise. Donc, plutôt que d’essayer de savoir si nous existons, ces personnes préfèrent rejeter notre présence dans le néant.
- Ou ce qui pourrait le faire croire, souligna Albert.
- Oui. Surtout ce qui pourrait servir d’élément de preuve. Un rejet brutal face à toute découverte archéologique inhabituelle. Les descriptions dans les mythes de dieux descendus du ciel abondent, de même que les représentations de visiteurs et de vaisseaux. Tout ceci n’est point étudié par les archéologues…seulement par les ufologues, une branche de la science non admise… Cela dit, quel autre terme pourrait désigner un spécialiste étudiant les différents types d’engins spatiaux et leur propulsion ?
- Un exoaéronaute ? demanda le petit alien. Il existe bien l’exobiologie, dit-il joyeusement en avalant une minuscule cuillerée de soupe brûlante.
Le professeur Zolmirel et Albert furent saisis d’un rire soudain. La grande alien paraissait partagée. Jugeant que la soupe était d’une température très convenable, elle saisit son bol et le vida d’une traite.
« Ce Terrien est un honorable cuisinier. » admit le valet.
Zolmirel traduisit le compliment télépathique.
- Donc, reprit-il, c’est ainsi. Beaucoup de Terriens ne veulent pas de nous sur leur planète, dans les sous-sols, ou dans les cieux. Concevoir une vie intelligente sur Mars ou Vénus est pour eux hors de propos. Une vie bactérienne est à la limite concevable, et encore…Voilà pourquoi beaucoup ne nous voient pas, ni ne nous entendent… les aliens sont forcément des ennemis. Il existe des barrières subtiles dans votre conception du monde. Mais l’espace est riche et plein de vie. Je suis heureux que vous l’ayez entrevu.
Albert était tellement suspendu à ses propos qu’il en oubliait de manger sa soupe qui refroidissait. Il la but prestement et écouta avec bonheur Zolmirel lui parler des aliens et des systèmes de castes, notamment les valets et les clones.
Agréablement installé près du radiateur, le plus jeune alien contemplait les décorations de Noël qui s’animaient sous l’effet de la chaleur. Il aimait la demeure d’Albert. Il fixait le Terrien de ses grands yeux noirs brillants d’affection.
Albert lui rendit son regard bienveillant. Il se sentait mieux que bien. Pour la première fois depuis longtemps, il passait Noël en famille, même si l’allure de ses invités était bien peu habituelle.
« Peu importe, songea Albert, au fond, nous sommes les mêmes. »
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